mercredi 21 septembre 2011

36- le miroir embué

" Oui, tu t'en rends compte, je suis troublé par le doute, " m'a dit Socrate. " Tant que ne sera pas complétée cette expérience, comme tu nommes cette traversée de la mort, je ne saurai pas. Vois-tu, ce daemon dont la voix pressante me dit d'aller jusqu'au bout,  jusqu'à boire la cigüe, il ne donne pas d'explication.  Qui est-elle, cette voix?

" C'est bien beau de ma part de vous dire: je suis inspiré par mon daemon intérieur, le gardien de mon âme immortelle... mais mon discours ne fait pas taire le doute que j'ai. Quand tu allumes une chandelle, dans la nuit, tu vois bien la flamme de la chandelle, mais tu la vois parce qu'il y a la nuit tout autour de cette flamme vacillante. Ma foi est enveloppée dans le doute.

" Toute ma vie de philosophe de rue, une vie passée tout entière à bousculer les certitudes de tout le monde, je m'y suis engagée parce que j'y étais poussé par cette voix, par ce daemon. Quand j'ai plongé dans cette façon de vivre, je n'ai pas pesé le pour et le contre: on ne ferait jamais ce genre de décision si on réfléchissait.

" Maintenant qu'il s'agit de mourir, sous le prétexte de vous expliquer la sagesse de ma décision, je me suis mis à réfléchir, je me suis mis à douter. Ma décision vient de plus profond que mon raisonnement, elle est irréfléchie, spontanée.  Est-ce que tu me comprends?"

Bien sûr que je comprenais Socrate. Douter d'une décision qu'on a prise sous le coup d'une intuition, ça ne signifie pas rejeter cette décision.



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