samedi 30 avril 2011

rire jaune, rire tricolore

Mon père Charles adorait rire. Pourtant
il trouvait peu d'occasions pour pratiquer
cette adoration: le sérieux et le tragique
étaient au menu quotidien. Il disait qu'il
était plus difficile d'écrire une bonne
comédie qu'une tragédie.  Et pourtant,
Molière était jaloux de Corneille et
Racine, triste de savoir faire rire.

On guette les premiers rires d'un enfant.
On provoque ces rires en le chatouillant.
On lui embrasse le ventre, on menace de
le dévorer, il rie de sa peur, il en
redemande.

Je me demande s'il y a de ce beau rire
quelque part, dans les pages de la Bible.
Il se peut que notre culture religieuse
aie été contaminée par le virus du
tragique, dès Abraham,  Seul le diable
avait le privilège d'un rire qui devenait
diabolique. Trois mille ans de sériosité.

Rire à en pleurer, à en avoir mal:
les muscles de la figure ne sont pas habitués à cette explosion d'hilarité.
Il y a beaucoup de libération dans le rire. Une sorte de victoire acquise.

vendredi 29 avril 2011

Après le popcorn

J'étais allé au ciné-parc avec les enfants.
Le film enfin terminé, je pensais ma tâche
remplie mais les petites m'ont appris qu'on
était à la pause popcorn seulement: c'était
un programme double, voyons donc!
Je n'étais pas de taille à leur résister,
je me suis résigné à ce deuxième film...

Il m'a saisi à la gorge. J'étais ébahi,
transporté,  envoûté, au moins autant
que mes filles!  Un chef d'oeuvre de film.
L'histoire sans fin.  Vous l'avez vu?

Plus tard j'ai déniché le récit de Michael
Ende:  tout aussi extraordinaire que le
film inspiré par le roman.  J'en ai acheté
des copies pour les donner à mes amis,
tellement j'étais euphorique de cette
découverte.

Quelle chance on a, tout de même,
nous les humains, d'avoir ce cadeau
de la parole écrite... car L'Histoire sans
fin est un roman sur le pouvoir d'un
livre dérobé chez un libraire!

jeudi 28 avril 2011

Cromagnon, chasseur-cueilleur

Pendant que Loupiotte et Waterman
s'occupaient à me calmer, hier soir,
Tornade bambochait dehors...
Tornade: l'autre matou, parti en
exploration nocturne.
Ce matin il est revenu, fatigué et fier
de lui, comme un pilote de guerre
rentrant de mission.
Devant la porte, il avait déposé son
trophée, un oiseau aux belles plumes.

Et moi qui vous recommande à tour
de bras d'avoir chats et chien!
Il faudra à l'avenir que je nuance
mes suggestions.
Mais pas de blâme, que je me dis.

On a été chasseurs pendant des
millénaires, alors on leur a donné
l'exemple, à nos amis domestiqués.
Et ensuite, quand on est devenu
agriculteurs, on comptait sur eux
pour protéger les sacs de blé et
d'orge contre l'invasion des souris.

Cet instinct de prédateur, faut bien
reconnaître qu'il est une stratégie de survie.  Je ne vous promets pas
de réussir à convaincre Tornade d'avoir plus de savoir-vivre...

mes amis paratonnerre

Il ventait  de fortes rafales qui
secouaient l'auto, quand je suis
rentré de Québec ce soir.  J'étais
tendu comme une corde de piano.
Tellement tendu:  je ne pouvais
pas me mettre à rédiger ce blog,
il fallait d'abord que le calme
revienne, un apaisement.  J'ai
éteint les lumières de la maison,
me suis assis confortablement
dans un fauteuil.

Waterman est venu le premier,
s'installer pour dormir sur moi.
C'est un bon gros chat, d'une
douceur incroyable. Je caressais
sa fourrure, il s'est mis à lécher
mes doigts, d'une langue rèche
comme  un papier sablé. Avec
application, comme pour goûter
tout le sel de la peau.

Puis sa soeur Loupiotte s'est
trouvé une place, pour me donner
un massage sur l'estomac. Elle
trouve d'instinct le creux de
l'estomac, elle a ce don.  Mon
ami Charlot, le gros bouvier,
s'est étendu à trois pas, pour ne
rien perdre de la fête.

J'ai des amis qui vivent dans des condos où le règlement ne permet pas la présence de ces amis chiens et chats. C'est se priver de tellement de gentillesse.

mardi 26 avril 2011

Ferdinand

Je regardais Charlot, et lui
me regardait.  Charlot c'est mon
bouvier bernois, le silencieux.
J'aurais aimé qu'il m'aide
à trouver un filon à suivre,
comme une mélodie simple,
pour ce blog ci. Et puis
j'ai pensé à Ferdinand.
Mon deuxième grand-père.

Je le connais par quatre photos
seulement. Du temps du cinéma
muet. Ferdinand est mort quand
mon père avait douze ans, c'était
donc il y a longtemps. D'une
façon silencieuse, je le connais,
vu que c'est mon grand-père.

Il accordait les pianos, avec un
don exceptionnel:  il avait
l'oreille absolue. À l'usine qui
fabriquait les pianos Willis, à
Ste-Thérèse, on avait réservé
une petite salle pour Ferdinand:
il mettait la touche finale à la table d'harmonie du piano tout neuf, avant qu'il quitte l'usine.  Oui, je crois que Ferdinand était un silencieux, c'est bien ce que Charlot voulait me dire, dans son beau regard.

lundi 25 avril 2011

pas de repos pour Marco Polo

Il y avait, et il y a toujours, un fichu
paradoxe dans cette phrase mystique
et mystifiante: ¨Tu ne me chercherais
pas si tu ne m'avais déjà trouvé.¨

Je vous invite à mettre ça dans votre
pipe. Comme Alexandre mon grand
père, qui tassait son tabac en braise,
avec son pouce noirci, tout en tenant
une allumette allumée au dessus de
cette pipe:  J'admirais chaque bouffée.
Je suppose maintenant qu'Alexandre
goûtait aussi l'admiration du petit-fils,
en donnant ce spectacle unique.

On chercherait donc une soif plutôt
que le verre d'eau.  On a soif de la
soif.  On a le désir du désir.

ou bien:  La preuve que tu m'as
trouvé, c'est que tu ne m'as pas
trouvé.

oui, il était fascinant, le grand-père
qui allumait sa pipe, tassant la braise
avec le pouce, comme si de rien n'était...

dimanche 24 avril 2011

Sésame, ouvre-toi

Ali Baba et les 40 voleurs... vous
connaissez l'auteur du récit?  Pour
ma part, j'ai un indice, je sais qu'il
avait entre quatre et cinq ans.

C'est l'âge de Loïc, mon petit-fils.
Il invente les formules magiques
qui ouvrent les portes mystérieuses.
¨Petit pinceau petit marteau¨  ouvre
une de ces portes. Il faut promener
sa main sur la reliure d'une série de
volumes, en disant la formule, c'est
évident.

On aurait parfois le goût de mettre
ce petit génie dans une bouteille,
là où souvent les génies se reposent,
tellement il est ingénieux et
sautillant, mon petit-fils, mais c'est
pas une bonne idée, et puis, il
inventerait une formule magique
pour ouvrir la bouteille.

samedi 23 avril 2011

Hérodote, encore et encore

J'avais trouvé le volume Histories sur
le site Amazone: je n'avais jamais lu
Hérodote. Une découverte passionnante.
On ne trouvait pas d'édition en français
chez les libraires. La réédition se faisait
attendre. Je l'ai donc lu en anglais.

Un an plus tard, mon libraire génial
en livres d'occasion m'a vendu une
édition extraordinaire des Histoires
d'Hérodote: en dix volumes, en grec
ancien, sur la page de gauche, et en
traduction française, sur la page de
droite. J'ai lu la moitié des dix
volumes:  les pages de droite!

Ce n'est pas possible, dans ce blog,
de raconter ces histoires, belles
comme Les Mille et Une Nuits.
Ce soir je suis allé relire les pages
qui racontent Crésus le très riche,
le très dévot, le très sot. Si je vous
communique l'étincelle du désir,
celui de vous délecter des récits d'Hérodote, ce blog aura fait un bon travail d'incendiaire.  Le don du feu.

jeudi 21 avril 2011

Vigile pascale à St Benoit du Lac

Je me souviens de cette nuit sacrée,
d'il y a des années, à St Benoit.
Jamais je ne vais me moquer de cette
intensité, de cette beauté unique,
de cette ferveur pleine d'échos vastes
dans la nuit de ce monastère.
La vigile pascale.  Le chant des
moines, la lecture des textes sacrés.
Des gestes lents, des silences.
il devait y avoir cette sorte d'émotion
dans les cérémonies juives.
Une sorte de confiance très forte,
mais sans qu'elle soit militaire,
ni efféminée.

Autant je ressens de la fureur, un
incendie de colère, pour tout le
dégât causé par la culture chrétienne
du temps de mon enfance, celle d'une
église qui a gâché la vie amoureuse
de mes parents, et bousillé leur plaisir
de vivre,
autant cela ne concerne pas
cette nuit d'harmonie, une nuit aussi
belle qu'un lever du jour.

Cette beauté de la vigile pascale, elle rejoint le mystère de l'existence,
elle se recueille sans chercher à contraindre, sans mea culpa.

Comme un matin de brume, au bord d'un lac,
à entendre le calme clapotis des vagues.  On le respire.

mercredi 20 avril 2011

L'auto proclamation roule bien

Ça prend un peu de folie pour
s'autoproclamer.  Napoléon se
met lui-même la couronne
d'empereur. S'il le fait devant
son miroir, on peut être inquiet.
S'il le fait devant un public, on
laisse le public juger si
l'empereur autoproclamé est
dérangé, ou si la couronne lui
va bien.

Oui, de grands personnages se
sont autoproclamés.  Semaine
sainte oblige... es-tu le roi des
juifs? demande le proconsul de
Judée.  Oui, je le suis, répond
le roi.

S'auto-proclamer, c'est faire signe
au destin en le nommant. Une
investiture, la prise du voile pour
une carmélite.  Toute proclamation
est publique et peut s'accompagner
d'un roulement de tambour.

mardi 19 avril 2011

el brontosoro

Après bien des recherches auprès
des compagnies qui vendent les
autobus jaunes, on a trouvé enfin
la longueur respectable de cet
autobus qui passe très tôt le matin
cueillir cinq enfants,
juste au coin de la rue...

En gros, car c'est gros, il en faut
deux, de ces autobus jaunes,
l'un derrière l'autre, pour aller
du point A au point B,
le point A étant la fine pointe
de la queue du brontosaure,
et le point B, vous l'avez deviné,
le bout de son nez.

Aucun danger pour les petits
qui remplissent deux autobus
avalés par un brontosaure:  le
gentil monstre, il est végétarien.
Il les berce dans son ventre,
en se dandinant gentiment, puis
recrache en douceur les deux autobus jaunes, dans la cour de l'école.  À ce soir les enfants!

lundi 18 avril 2011

Le temps perdu à blâmer

C'est une longue rééducation à entreprendre,
celle de ne pas blâmer. L'éducation d'autrefois
y mettait le maximum d'importance, à cette
recherche de ce qu'il y aurait à blâmer. Cela
s'appelait l'examen de conscience.

Un examen où on ne récoltait pas de bonnes
notes. Pour entrer dans l'enclos sombre du
confessionnal, il fallait avoir trouvé de quoi
se reprocher.  Ça n'était pas apprécié si on
disait dans l'oreille du prêtre confesseur,
à travers le grillage sombre, qu'on n'avait
rien à confesser.

Les racines sont très profondes, dans notre
culture, de cette recherche instinctive d'un
coupable.  Et comme on a un peu de santé
mentale, et qu'on sent bien qu'on n'est pas
si coupable que ça, alors on devine que c'est
l'autre qui est coupable.  Car il en faut un,
on le sait depuis l'enfance.

Il y avait cette prière affreuse qu'on nous faisait répéter sous le beau nom d'acte d'humilité... ¨Mon Dieu, apprenez-moi à me mépriser moi-même.¨..  Oui, ce sont exactement les mots qu'on récitait par coeur, en y mettant notre ferveur d'enfant.  Incroyable mais vrai.  On nous donnait le virus du blâme.

Budapest Klezmer band...

Comment voulez-vous écrire cette sorte
de blog, qui se souvient d'un crâne posé
sur une table de travail, dans la cellule
d'un moine des premiers siècles...

Ou bien qui se souvient de cette peinture
murale dans la vieille Egypte des tombes,
quand le dieu tient cette fragile balance
où on dépose l'âme de celui qui vient de
mourir, pour voir s'il fait le poids
et mérite une sorte d'autre vie...

non, c'est pas possible, quand on a
les pieds et le coeur qui vibrent de danser
avec les tziganes, ceux qui jouent la
clarinette, les violons et l'accordéon,

pour se retrouver dans un album dessiné
par Joann Sfar, avec ce privilège
du rêve qui tourne les pages

samedi 16 avril 2011

L'éveil

Le jeune moine boudhiste reçoit un coup
de bâton: son maître de monastère tente
de le réveiller tout en tâchant de ne pas
l'assommer tout à fait! Un coup inattendu,
pour le jeter hors de la réflexion.  Un éveil.

Parfois, à l'instant de mourir, il y a cette
sorte d'éveil incroyable. L'expérience d'un
étonnement complet. Les yeux regardent
comme s'ils voyaient une apparition.

Le défi du maître boudhiste, c'est que le
jeune moine ouvre les yeux sur l'existence,
sans attendre le moment du dernier souffle.

Ce n'est pas un acte de foi: on est dedans.
Il n'y a pas d'attente d'un autre moment:
c'est immédiat. Ça existe, et je baigne
dedans. Cette connaissance est soudaine.

Et tout ce qui existe, tout autour, devient
comme un tissu. Une seule existence.
Alors chacun invente sa prière de
reconnaissance, pour reprendre pied.

vendredi 15 avril 2011

miel et beurre d'arachide

Quand on décide de publier chaque
jour sur son blog, on devient comme
une abeille qui cherche son nectar
toute la journée... J'y pensais, ce
matin, en étendant du miel de trèfle
sur mes toasts.  Je me souvenais des
chaudières de miel de sarrasin que
mon père achetait chaque automne.
L'apiculteur se nommait Doyon.

Et ce soir, sur le site de la BBC,
les vertus du miel de Manuka
avaient la vedette...  Je suis allé
fureter sur wikipedia. Ici encore,
j'ai retrouvé les bactéries. Ainsi,
l'Hélicobacter pylori, responsable
d'ulcères d'estomac, pourrait être
traité par ce miel de Manuka...

Mais elles se vengent des abeilles,
les bactéries: les signaux d'alarme
clignottent car les abeilles sont décimées...
peut-être par des ulcères à l'estomac!
Les abeilles, tellement nécessaires pour la pollennisation, il faudra leur servir du nectar de Manuka.

jeudi 14 avril 2011

le blog et l'écriture automatique

Je pratique ces deux formes d'écriture.
Elles sont à l'opposé. Je suppose que
ce sont deux espaces différents, dans
le cerveau, qui s'activent selon que
j'aborde l'écriture du blog ou celle des
pages d'écriture automatique.  Plus j'y
songe, plus je vois de différences.

L'écriture automatique semble plus
difficile, plus exigeante, comme un
marathon.  Elle demande la rigueur
d'une discipline, c'est l'équivalent d'un
contrat très strict. Chaque jour je m'y
applique, sans demi-mesure.

Mais c'est le blog qui exige le plus.
Il y a une sorte de responsabilité dans
un blog:  celle de communiquer une
valeur. Il y a beaucoup de silences
dans un blog de cette sorte. Cette
écriture parfois s'immobilise: tout le
contraire de l'automatisme.

Curieusement, la sorte de dessin qui accompagne les écritures de ce blog comporte aussi deux formes opposées, deux extrêmes.  Un premier jet, d'une ligne continue, voit apparaître un personnage... Le travail suivant, qui noircit des espaces, est une toute autre aventure.

mercredi 13 avril 2011

bactéries et cristaux de neige

Ai demandé à mon ami André,  biologiste
spécialiste dans l'amélioration des céréales,
s'il y avait des bactéries dans les cristaux
de neige.  Ils ont l'air tellement innocents,
immaculés, les cristaux...

J'en ai appris davantage...(Il faudrait plus
que ce mince blog pour communiquer
surprise après surprise).  Les cristaux de
neige?  Faut savoir que les bactéries, dans
l'air, cristallisent l'humidité, font pleuvoir!
...l'aéro plancton...  Pour ensemencer les
nuages et amorcer les précipitations...

André m'a parlé des amandiers qui fixaient
ces précieuses bactéries et donnaient la
pluie, autrefois, sur la campagne syrienne...

Et ce midi, au cafétéria de Place Laurier,
c'est un étudiant en médecine qui m'a parlé
de bactéries mangeuses de sable, qui
pourraient transformer le désert en terre
cultivable...
Cela nous ramène aux belles histoires du
temps du catéchisme:  la manne, semblable à du givre, que les Israélites ramassaient pour se nourrir, dans leur longue traversée du désert...

mardi 12 avril 2011

Après coup, on pense que c'était planifié

C'est par hasard qu'on trouve
ce qui marche. Mais il y a plus
que le hasard...

Par paresse, ou par fantaisie,
sans trop le vouloir, on s'était
éloigné du geste habituel,
et puis voilà que ça fonctionnait
très bien, et même mieux qu'à
l'accoutumée! Avec plus de
facilité, avec plus d'aisance...
Alors pourquoi se gêner?
On a donc adopté la nouvelle
formule,  et laissé tomber
l'ancienne manière de faire.

En plus drastique:  l'être qui
déraille, qui sort du sentier  de
tout le monde, il crève...
ou bien voilà que c'est lui qui
réussit. Sa descendance a
l'avantage de la formule magique.

Mais le hasard seul n'explique pas l'évolution des espèces. Il y a autre chose que l'erreur payante, comme explication de tout ce merveilleux.  Dans l'être, dans l'existant, il y a une sorte de curiosité, un besoin incessant d'essayer, de manipuler, comme chaque enfant qui aborde tout ce qui l'entoure.  Dans ce qui existe, on trouve toujours une sorte d'explosion, un feu d'artifice.  La lumière part en voyage, et invente l'espace à mesure.



 

lundi 11 avril 2011

Félix-Hubert d'Hérelle et Boulgakov

Soyez prévenus:  les microbes mènent à tout.
Ceux qui s'en approchent passent de surprise
en surprise.  Comment vous dire, en quelques
lignes, tout l'étonnement que j'y trouve...

The Variety of Life ne disait pas un mot des
virus, alors j'ai cherché ce qu'en disait
Wikipedia.  J'y ai trouvé matière à une
bande dessinée! Faites vous-mêmes
l'expérience: allez à Wikipedia, à Virus, et
naviguez jusqu'à l'histoire des découvertes
des virus. Vous allez y rencontrer
Félix-Hubert d'Hérelle qui habitait Longueuil
au tournant du siècle (fin des années 1890).

Si vous le suivez, vous ne vous ennuierez pas: Guatemala, Mexique, Argentine, puis l'institut
Pasteur, la guerre mondiale, l'Egypte, l'Inde,
l'Unions soviétique de Staline, puis son
association avec Nicolas Boulgakov, le
frère le l'autre (Le Maître et Marguerite)...

Une passion dérangeante:  celle des virus
mangeurs de bactéries!

dimanche 10 avril 2011

l'immortalité pour quelques années

J'ai donc entrepris la lecture du bouquin en question,
The variety of live, par Colin Tudge... je ne vous le
résumerai pas ici, ni ailleurs. Le livre lui-même est un
condensé très structuré.  Le recensement de tous les
groupes de vivants... Il y a de quoi tomber en bas de
sa chaise.

Faut quand même dire ici quelques mots sur les
microbes, ça me démange d'en parler. Tout ce qu'on
ne voit pas à l'oeil nu  prend beaucoup de place sur
cette planète: la masse des microbes est dix fois plus
importante que celle des vivants qu'on peut voir sans
microscope...

Si mon petit fils attrape la passion de les étudier, il
aura du pain sur la planche: on commence à peine
à faire connaissance avec eux. Semble-t-il qu'il y en
a dix mille fois plus que ce qu'on en connaît.
D'autres disent cent mille fois plus.  Bref, il y en a.

Ils sont partout où on ne se doutait pas.  Là où on
disait: la vie est impossible... ils y sont. Dans les
sources bouillantes, léthales.  Dans les métaux,
dans les pierres... les monuments immortels sont rongés de l'intérieur. À consommer avant telle date!
 

samedi 9 avril 2011

Aviez-vous un microscope?

Les microbes, on ne les voit pas à l'oeil nu.
Anton van Leeuwenhock a été bien excité
quand il s'est construit un microscope, et
s'est mis à observer les animalcules, comme
il les nommait.

Il vivait du temps de Joann Vermeer,
dans la même petite ville, Delft.
Ils se connaissaient bien: Leeuwenhock a
été exécuteur testamentaire, à la mort de
Vermeer, en 1675. C'était aussi l'époque
de Rembrandt.

Mais ce qui passionnait Leeuwenhock,
durant une bonne cinquantaine d'années,
c'était tout ce qu'il mettait sur sa lentille de
verre, sous son microscope artisanal.

Il va me falloir acheter un microscope pour
mon petit fils. ainsi, je lui donnerai un
univers, un monde.

Einstein a raconté que c'est le cadeau d'une
boussole qui l'a plongé dans les grandes
rêveries: pourquoi l'aiguille se tourne ainsi
vers le nord? Le magnétisme l'a fasciné.
C'était la naissance d'Einstein...

vendredi 8 avril 2011

Je suis ce manque de curiosité

Pas de blâme.  Mon père Charles
ne voulait rien savoir de ma vie.
Simplement, il ne cherchait pas
à savoir comment je vivais, ce que
je pensais: sa curiosité était ailleurs.
Je crois qu'il avait décidé de ne pas
juger, de rester à l'écart, comme
pour respecter ma vie privée.
Ou bien, c'était une façon d'être
lui-même à l'abris, avec ses secrets.

C'était une époque malsaine. Toutes
les familles n'ont pas été contaminées
avec la même intensité, mais c'était
l'époque:  le contrôle des consciences.
Ma mère interceptait les lettres, les
vérifiait. Elle contrôlait le bien et le
mal, pensant que c'était son devoir.
Ainsi, elle a confisqué les livres de
son mari, pour les apporter au
presbytère:  elle avait jugé que
ces livres pouvaient être dangereux.

Nous avons donc réussi à nous protéger, mais au prix d'une fermeture, d'un isolement.  Pas de blâme. Mais il faut réinventer une autre manière de vivre, il faut réinventer une ouverture sans jugement.  À contre courant.

jeudi 7 avril 2011

la coche mal taillée

Faut bien s'instruire. Alors je relis
comment se divise la double hélice
du DNA, et l'invention des protéines
en passant par le RNA.  J'en retiens
que c'est fichûment intelligent, et
bravo pour les biologistes  détectives
qui solutionnent ces énigmes.

J'en retiens aussi un paradoxe. Tout
un paradoxe. La loi de toute cette
évolution fantastique et mirobolante,
c'est l'erreur. Sans la présence de
ces erreurs, de ces accidents,  de ces
bavures d'exécution, on en serait
encore à la duplication des bactéries.
Comme ces vieux 78 tours, accrochés
dans le dernier tour, qui répètent sans
arrêt les dernières syllabes chantées
par Caruso.

C'est tout de même un tour de force.
Aucun progrès, aucune innovation,
à moins d'un accident qui nous fasse
sortir du chemin applaudi. Éloge
de la bêtise, de l'handicap, comme
élément essentiel du merveilleux qui
s'invente.  C'est l'erreur des copistes
des manuscrits de la Bible, d'avoir
évité les erreurs:  le texte a stagné.

Pessoa en cadeau

Je relis doucement Le livre de
l'intranquillité, de Fernando Pessoa.
Je change certainement, car j'ai cette
impression de ne l'avoir jamais lu.

La douleur n'est pas reposante.
Pessoa ressent de la douleur, quand
il écrit sur le fait d'exister. J'ai
l'impression qu'il met tout son
courage dans son écriture.

Il s'est amusé aussi, dans ses rêves.
Italo Calvino aurait aimé ces quelques
lignes de Pessoa: .¨.. le cortège des
derniers chevaliers perdus résonnait
longuement, comme une réminiscence
des temps à venir. Ils étaient déjà
vieux, ceux qui viendraient un jour;
seuls étaient jeunes ceux qui ne
viendraient jamais ¨ ...  ¨tout avait
l'absurdité d'un deuil¨...

Quel dommage que mon père Charles
n'aie pas plongé dans l'écriture, comme
Pessoa. Quel dommage pour lui et
pour nous.

mardi 5 avril 2011

on ne vit qu'une fois

Il y a mieux que cette expression car
je ne suis pas certain qu'on la vive,
cette fameuse fois qui est la seule fois.

J'ai l'impression qu'il faut vivre cette
rencontre d'aujourd'hui, celle-ci,
avec le sentiment qu'elle ne se
renouvellera pas.
Les gens n'aiment pas qu'on leur dise
adieu quand on les quitte
et pourtant on est proche de la réalité,
de ce qui est vraiment, en pensant que
c'est la dernière rencontre.
Car le danger, c'est d'être là sans y être,
comme si ça allait de soi qu'il y aura
de nouveau un tel moment, une autre
occasion.
Voilà pourquoi l'intuition est plus
importante que ce qu'on a planifié.
L'intuition permet d'entendre ce qui
est immédiat, et qui va s'éloigner.

Il y a trop de pages à nos agendas

lundi 4 avril 2011

Burgess Bedtime Story

Toute sa vie, mon père Charles a lu
son journal anglais, chaque soir.  The
Montreal Star.  Il le lisait au salon,
 c'était tout proche: un petit logis.
Il fallait laisser la porte de ma
chambre ouverte, pour que la chaleur
de la petite fournaise au charbon,
dans le corridor, donne un peu de
chaleur dans les nuits d'hiver...
de mon lit, j'entendais le froissement
des pages du journal, à mesure que
mon père avançait dans sa lecture...

Je me souviens du Burgess Bedtime
Story:  en pyjama, avant d'aller dormir,
je me juchais sur les genoux de mon
père, pour l'écouter me lire la courte
histoire qui le ravissait. il pouvait être
question d'une perdrix dans la neige,
ou bien du renard qui tournait autour
du poulailler... c'était une sorte de fable
mais sans la morale, une fable de
gentillesse drôle. Mon père riait aux
larmes en la lisant, mais c'était en
anglais, et j'attendais qu'il en traduise
un bout, pour savoir ce qui était drôle.
(comme pour toutes les histoires...
la suite, dans un prochain épisode!)

dimanche 3 avril 2011

les chiffres du temps passé

Je lis doucement un gros bouquin, par
Colin Tudge: the variety of life. L'auteur
raconte plein d'histoires fascinantes sur
ce monde. Ainsi, il parle de l'arbre
généalogique de tout ce qui vit.
Alors les chiffres nous arrivent...
Les milliers d'années, puis les dizaines
et les centaines de millions d'années.

Vous voulez un exemple?  Vous le
regretterez!  Vous insistez, alors voici:
Les poissons rouges, les dauphins et les
humains ont un ancêtre commun: c'était
un poisson d'il y a plus de 400 millions
d'années.

Pour donner un sens à tous ces chiffres,
il faut apprivoiser lentement l'énormité.
À petites doses, se faire une idée, avec
lenteur, dans une sorte d'obscurité,
comme les spéléologues qui avancent
dans les cavernes fantastiques , de
tunnels en tunnels, dans l'étonnement.

samedi 2 avril 2011

le vieil éléphant

Pas d'éléphant au Québec. Du moins,
ces années-ci. On a eu les bisons, on
a dû avoir les mammouths, vu que la
Sibérie et l'Alaska ça communiquait.
Tout ça pour dire que je ne les
connais pas, les éléphants, et si j'en
parle, ce sera à tort et à travers. Vous
êtes prévenus.

Ils vivent en petits groupes, sauf les
vieux solitaires, les vieux chefs exclus.
Ceux-là deviennent frustrés, agressifs,
ils culbutent les arbres, ils disent leur
colère. Voilà ce qu'on a voulu me faire
croire, et je l'ai cru comme de raison.
Vous le savez, j'ai cru n'importe quoi.

Pour ma part, c'est très jeune que je
suis devenu un éléphant solitaire.
J'ai dû attraper cette façon de vivre
de mon père Charles:  un ermite.
Alors je pense connaître de l'intérieur
la psychologie du vieil éléphant:
c'est plus fort que lui,
il s'exclut lui-même du groupe.

Promenons-nous dans le bois pendant qu'le loup y est pas

Mon amie Hélène est allé à des funérailles.
Ce n'était pas dans une église. Une cérémonie
sans émotion... Hélène voudrait qu'on la quitte
d'une façon différente, quand elle mourra.

Pour ma part, j'ai une terrible allergie aux
funérailles avec une messe chrétienne, dans
une église. Je ne vous demande pas d'avoir
une semblable allergie, c'est pas facile.

En silence, je deviens furieux. Le célébrant
parle:  il affirme, il lit les vieux textes de la
Bible, il parle de la résurrection, il parle de
Dieu, il parle sur un ton qui me rend fou.

Si on n'a pas rencontré, d'une vraie rencontre,
du temps qu'elle vivait près de nous, cette
personne qui vient de mourir, comment la
rencontrer maintenant, avec de vraies paroles?

Si on se déplace pour une cérémonie d'adieu,
comment allons-nous nous rencontrer, nous
qui sommes encore vivant?  Qu'est-ce que
nous allons nous dire?