samedi 10 septembre 2011

26- Le coq gaulois

Je venais de glisser dans le sommeil.  Misère!  Les coqs des fermes voisines se sont mis à claironner le lever du jour!  Ces coqs italiens, ils m'ont semblé encore plus insistants, plus tonitruants que les coqs du Portugal. J'étais donc réveillé pour entendre le grattement discret à la porte de ma chambre d'hôte. On venait me prévenir que je pouvais rejoindre le professeur à la salle à dîner.

Galilée avait l'air aussi amoché que moi. Il m'a expliqué:  " Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Mon oeil valide, cela va sans dire!  Après vous avoir quitté, hier soir, on m'a remis un colis qui avait réussi à passer sous le nez de mes geôliers. Regardez: c'est un ouvrage qui vient d'être édité à Leyde en Hollande. L'auteur est un français, un certain Descartes. Son livre m'a tenu en haleine toute la nuit... Une oeuvre majeure... Ce Descartes démontre bien que toute démarche scientifique met de côté toutes les vieilles certitudes, pour n'accepter que ce qui passe le test de l'expérimentation et se traduit en langage mathématique. Exactement ce que je défendais, avant mon procès.  Il paraît que ma condamnation à enseigné la prudence à Descartes: il a quitté la France pour écrire à l'abris de l'Inquisition. ¨

Cette publication qui lui arrivait de Hollande, pour moi c'était une pièce de plus dans le puzzle. Tout ce que j'avais lu, au cours de la nuit, s'amalgamait pour donner une image claire. La situation de Galilée n'avait rien de comparable à celle de Socrate. L'un était un scientifique, l'autre, un philosophe. Pour Socrate, mourir pouvait ajouter à son plaidoyer philosophique, tout comme sacrifier sa vie a du sens pour un martyr. Au contraire,  mourir sous l'Inquisition était une absurdité pour Galilée, un drame de stupidité humaine.

Je pressentais que mon enquête chez Galilée allait bientôt se terminer.
Pourtant, j'allais être patient jusqu'à la fin: mon hôte avait bien le droit de terminer son récit. Après avoir déjeuné, nous nous sommes retirés dans cette petite salle de la veille.


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