jeudi 8 septembre 2011

24- Lévitation

La soirée avançait. À sa mine fatiguée, je comprenais que Galilée allait devoir se reposer, mais le vieux professeur continuait son récit:

" Quand j'ai obtenu ce poste d'enseignement à Padoue, celui qui avait été refusé à Bruno, je suis entré dans une vie trépidante qui ne s'est jamais ralentie, pendant ces dix-huit ans où j'ai travaillé dans ce laboratoire d'idées. Vous n'avez pas idée de l'effervescence de cette époque! Une fièvre nous a tous gagnés, les scientifiques. Nous étions constamment à l'affut des travaux des confrères de toutes les capitales d'Europe. Dans chacune des sciences, les découvertes se précipitaient.  Depuis des siècles, rien de tel ne s'était passé.

" Je vous ai dit que je travaillais dans un laboratoire d'idées: ce n'est pas exact. Je suis un manuel, vous savez. C'est de famille, notre intelligence est dans nos mains. Ce laboratoire d'idées, c'était aussi un atelier de bricolage incroyable. Pour mes travaux de recherche, je perfectionnais les instruments de l'époque, ou bien j'inventais un nouvel outil quand il n'y en avait pas.  Ces inventions me propulsaient dans des recherches pleines de possibilités inédites.

" J'ai inventé le microscope:  un monde d'observations s'ouvrait. Ensuite, pour mesurer l'effet du froid ou du chaud sur différents liquides, puis sur les solides, j'ai inventé le thermomètre... J'ai ensuite perfectionné le compas de proportion: si vous aviez vu l'effet que cela a produit chez les architectes: il leur devenait facile de calculer les arches des ponts en construction.

" C'était à la fois du pratique  et de la science théorique. J'ai inventé une pompe à eau, puis j'ai établi une formule algébrique pour le mouvement accéléré. J'expérimentais sur les aimants. J'étudiais la trajectoire des solides dans un espace sous vide:  j'ai ainsi calculé la courbe parabolique de la  trajectoire des projectiles. Tout cela trouvait une application militaire, utile pour les ambitions de Venise. "

Je réalisais que j'étais loin d'avoir affaire à un philosophe buté sur une idée fixe. Galilée était un kaléidoscope, un feu roulant d'inventions passionnantes.


1 commentaire:

Michel à Isabelle a dit…

À regarder tes dessins, on entend presque le crayon se précipiter sur le papier pour définir une forme, un visage...impressionnant!
P.S. j'aime de plus en plus Galilée...