jeudi 22 décembre 2011

La bouffe et les anciens combattants

Ils mangent trop, parce qu'ils s'ennuient. Tania, qui travaille dans une maison de retraite qui héberge les anciens combattants, m'a dit ça, ce soir:  quand ils arrivent dans cette résidence, ils engraissent.

C'est un monde à part, les anciens combattants. Un monde invisible, au Québec. Pourtant il dit y en avoir, des vétérans, mais combien?

De la deuxième guerre mondiale, ils doivent être rares, les survivants. S'ils avaient 20 ans en 1945, ils en ont 86 aujourd'hui. L'âge où on peut être en perte d'autonomie, et se retrouver dans une maison d'accueil.  De la guerre de Corée, il y a certainement des vétérans plus jeunes, mais la mobilisation n'était pas obligatoire pour la guerre de Corée, alors le nombre de vétérans est réduit.

Ils s'ennuient dans cette résidence.  Les parents les visitent peu. Ils mangent. Ils font peu d'exercice, ils prennent du poids.

Surtout, ils chiâlent.  Au Québec, chiâler signifie critiquer, se plaindre. Etre mécontent de ce qui se passe autour, bougonner, ne pas être heureux. Les vieux vétérans ne sont pas heureux, qu'on me dit.

Comme ils sont à l'écart, on ne le sait pas que leur vie se termine dans une sorte d'amertume.  Ils ont une pension, ils mangent.

Il y a toujours eu des guerres, et toujours des survivants, qui vieillissent et deviennent des vétérans de guerres oubliées. Est-ce qu'il y a eu des époques où ces vétérans continuaient à raconter, à créer, à vieillir heureux? Comme Zorba le Grec?


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