mardi 27 décembre 2011

Faut-il pardonner? 2.

Dans la pensée d'autrefois (un autrefois récent, celui de mon enfance), le pardon communiquait une éternité dans le ciel (après la mort). Remettre à plus tard de "passer au confessionnal", c'était jouer à la loterie: en cas de mort subite, on allait payer cher, et longtemps, cette négligence. Durant les retraites paroissiales, les prédicateurs ne se privaient pas de raconter le cas des malheureux frappés par la foudre, qui tombaient raide morts avec une âme en état de péché mortel.

En cas de maladie grave, on recevait la visite du prêtre qui donnait le sacrement d'extrême-onction. Avec une huile bénite, il posait des signes de croix sur les yeux, sur la bouche, sur les mains: pour effacer les péchés commis par les sens. Le prêtre donnait aussi la communion: cette hostie s'appelait "le viatique" ( = pour le voyage). Chez les Romains, on mettait une pièce d'argent dans la bouche du mort: c'était aussi pour le voyage. Le passeur, celui qui maniait la barque pour passer les âmes, demandait à être payé.

Le pardon, on avait donc tous intérêt à le recevoir. À moins d'être un enfant encore innocent, ou bien d'être un saint comme le frère André, c'était admis et enseigné qu'on étaient tous pécheurs, et qu'il fallait un pardon pour effacer les péchés. Chaque village avait son boulanger pour le pain et son curé pour les péchés.

Les jours qui précédaient Noël, il y avait donc de longues séances de confessionnal. Ainsi on commençait l'année sur un bon pied. Jamais on n'aurait entendu parler d'un pardon "humain", celui qu'on se donne à soi-même, ou qu'on accorde à son monde.


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