lundi 26 décembre 2011

Faut-il pardonner? 1.

C'était une tradition dans les shetls (les villages juifs d'Europe, avant la Shoah), d'échanger des pardons entre voisins, une fois par an. On se visitait et on faisait la paix.

Dans mon enfance catholique, nous n'allions pas demander pardon entre nous, après nos chicanes et nos batailles. Le pardon (et la culpabilité) se passait entre nous et Dieu:  chaque mois toutes les classes du primaire se rendaient, en rangs, jusqu'à l'église. À tour de rôle, chacun entrait dans la noirceur du confessionnal pour chuchoter ses péchés et recevoir une absolution des péchés confessés. Cela s'appelait le sacrement de pénitence.

Chose certaine, nous n'apprenions pas à nous pardonner à nous-mêmes. C'était à Dieu qu'il fallait demander pardon.  C'était lui, d'ailleurs, qui avait le gros bout du bâton et qui allait nous punir par l'enfer éternel, à moins d'obtenir son pardon en passant par le confessionnal.

Le "petit catéchisme" nous l'enseignait, à partir d'un texte de la bible:  c'était un texte qui racontait les paroles de Jésus après sa résurrection. Il avait dit à ses apôtres (futurs évêques de la nouvelle Eglise)  qu'eux seuls auraient le pouvoir d'ouvrir ou de fermer le ciel aux croyants, de pardonner ou de ne pas pardonner les péchés.

Une des conséquences possibles de cette éducation d'autrefois, c'était de vivre avec un sentiment constant de culpabilité.  (La pratique quotidienne d'examen de la conscience permettait de faire le bilan des fautes de la journée, dont on reconnaissait être coupable).  Pour vivre en paix, il était plus simple de nier cette culpabilité, en la rejetant sur les autres. (Freud:  la projection) On rendait les autres coupables.

Pratiquer le "pas de blâme"  permet de respirer à fond, en paix. Si je comprends bien cette pratique, elle a comme fondement une attitude pacifique vis-à-vis les émotions qui nous visitent. Reconnaître qu'on est en colère, sans se blâmer d'être visité par cette émotion:  ainsi elle passe.


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