mercredi 28 décembre 2011

Faut-il pardonner? 3.

Je me souviens d'un ami qui se préparait à mourir, atteint du sida. Il était hébergé dans une maison tenue par des religieuses. Leur mission était exceptionnelle:  elles hébergeaient dans la paix ceux qui allaient mourir.

Les religieuses ne le traitaient pas comme un pécheur à convertir: elles s'occupaient d'autre chose que de morale. Elles s'occupaient à respecter, à faire confiance, à aimer.

Certaines personnes ont besoin, avant de mourir, de faire la paix: ils ne décrochent pas de la vie tant que n'est pas venu cette personne qu'ils attendent. Ensuite seulement ils se laissent glisser.

Cet ami avait demandé qu'on ne permette pas la visite à ses frères ou à ses soeurs: il ne voulait pas recevoir des gens qui, selon lui, l'avaient jugé, condamné, rejeté. Il voulait mourir en paix, et leur visite pouvait gâcher cette paix.

Cet ami n'avait plus une once d'énergie pour souffrir une visite dont il n'attendait plus rien. Il leur laissait le conflit, ce n'était plus son conflit, il n'y était plus. Simplement accepter de mourir, c'était son grand défi.

Au fond, il faisait la paix avec lui-même. Il faisait la paix avec la vie.


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