lundi 19 décembre 2011

Deux sortes de bruits

Mon chien Charlot, un gros bouvier bernois, ronge un os. Ça fait tout un tapage, ce gros os qu'il manipule sur le plancher de bois. Ce soir, je me dis que tout ce bruit qu'il fait, ça donne du goût à son os. Charlot ne cherche pas à faire davantage de bruit, ni à le diminuer: c'est exactement le bruit d'un os qu'il gruge avec application. Charlot n'a pas appris la discrétion, du moins pas celle des bonnes manières à table.

Il y a de ces bruits qui vont avec le plaisir d'autre chose. Mon petit voisin qui se pratique, l'été, à des lancers d'un ballon dans le filet:  il tape et tape un ballon sonore, avec le bruit normal d'un ballon qui rebondit correctement, avec toute l'énergie qui précède le saut en hauteur et le lancer dans le filet.

Ou bien ce bruit répétitif, celui du cri de l'engoulevent, au-dessus des toits:  je le guettais, les soirs d'été, dans l'enfance. Il criait une sorte d'appel, et j'attendais la suite qui allait venir:  son plongeon. Quand il repliait les ailes et fonçait vers les toits, c'était le bruit du sifflement d'une bombe. Il gobait un insecte et remontait dans le ciel, et le bruit d'appel reprenait.

Ce bruit des rames qui frappaient l'eau, sur la rivière l'Assomption. Je goûtais tout ce bruit:  l'entrée de la rame dans l'eau, puis sa sortie. Avec, en prime, tout le grincement du métal, là où la rame était fixée sur la chaloupe Verchères.

C'est la première sorte de bruits, la bonne.  L'autre sorte, évidemment que c'est la mauvaise.


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