mercredi 6 juillet 2011

Ça pousse tout croche

La nature est farcie de paradoxes. Le prévisible et
l'imprévisible: deux faces de la même médaille.
Ma fille Eve m'a suggéré d'examiner cela dans ce
blog, (Vos suggestions sont aussi les
bienvenues!)
La science moderne procède ainsi:  à partir
d'observations multiples, on se risque à bâtir
une hypothèse.  Puis on fait une série
d'expériences pour vérifier si l'hypothèse
tient le coup. Quand l'hypothèse fonctionne, on
en déduit une loi abstraite. Le jour où cette loi
n'arrive pas à expliquer ce qui se passe, il faut
risquer une hypothèse nouvelle, la valider par
des expériences puis formuler une nouvelle loi.
Tout cela est dans le domaine des idées. La
nature n'obéit pas aux lois que nous formulons.
Elle obéit à elle-même. Les lois naturelles ne
sont que des constructions abstraites, des idées
humaines  pour saisir ce qui se passe.

Les arbres poussent tout croche. Chaque branche
tend ses feuilles vers la lumière en cherchant la
position la plus favorable, parmi les autres
branches affamées de photons.  Et puis il y a
le vent dominant à cet endroit précis. C'est une
danse constante, une chorégraphie à plusieurs. Les ruisseaux aussi s'inventent des chemins sinueux. Ils s'adaptent à ce qui se présente, quitte à contourner longuement un obstacle. Les humains rêvent de lignes droites. Elles sont idéales:  du domaine des idées. En géométrie, même les lignes courbes sont raisonnées comme des séries de petites lignes droites. Ainsi on peut fabriquer les voies ferrées, aux courbes bien calculées.

Il y a donc un tiraillement continuel dans notre cerveau. À chaque pas nous rencontrons un foisonnement d'êtres, dans un chaos apparent. Notre cerveau nomme les couleurs, les formes, les utilités, il catalogue, collectionne. Nous imaginons la suite du voyage et cette histoire inventée suit une ligne droite. Notre cerveau est ainsi. Il fonctionne comme un mathématicien qui se base sur des statistiques. Le ruisseau n'a pas ce problème, nous avons ce problème: celui d'habiter deux univers, celui de notre pensée abstraite, qui prévoit des lignes droites, et celui du réel, qui pousse tout croche.

2 commentaires:

Louis a dit…

Rencontrer des touristes Québecois sur une plage Méxicaine, c'est "pousser tout croche" ?

Michel à Isabelle a dit…

Direct en enfer...tout droit au paradis...les chemins sinueux de la pensée ne s'appliquent-ils pas au domaine de la Foi?