samedi 8 octobre 2011

Re Pause. C'est le bouquet

Mon chien Charlot gruge un vieil os. Le bruit est à la limite du supportable. Je gage que Charlot adore ce bruit, tout autant qu'il savoure le goût du vieil os. Comment écrire ce blog, avec ce tapage dans les oreilles? Je décide d'y prêter attention, à ce bruit, de lui laisser la place qu'il prend. Bingo: ma patience a gagné: Charlot s'est allongé à côté de l'os, en repos.

Cet avant-midi (c'était hier, vu qu'il est passé minuit... mais si j'avais écrit ce blog avant minuit, est-ce que j'aurais appelé "demain" l'heure qui suivait minuit?)  Décidément, c'était cet avant-midi, vu que je n'ai pas dormi encore.

C'était dans une salle d'université.  Un conférencier hors-pair, Daniel Bonneterre, archéologue, spécialisé dans les fouilles de l'ancienne Mésopotamie. Le vieux temps d'un vieil autrefois, le temps de Babylone et du roi Hammourabi. Ça m'a toujours fasciné, l'époque de l'écriture cunéiforme, tout autant que celle des hiéroglyphes d'Égypte. Le cours d'aujourd'hui m'a comblé, c'était de la crème glacée Coaticook. La meilleure.

Mon cerveau a deux façons possibles de penser au roi de Babylone. La façon habituelle (les très rares fois où je pense à ce monde du temps de Ninive, de Mari, d'Ur, d'Akkad), c'est d'enregistrer des informations. Ainsi on m'instruisait:  il y avait eu des temples, des guerres, des inondations, de grandes destructions. Un empire grugeait les villes pour s'agrandir, puis un autre empire l'avalait tout rond. Tout cela se passe au passé.

La deuxième façon de penser au roi de Babylone ressemble à un tour de passe-passe. J'efface la distance du temps. Ce roi Hammourabi, c'est tout de suite: je suis avec lui. Notre cerveau réussit cette magie, en quittant le passé, en choisissant le présent.

Je peux traiter Socrate ou Galilée ou Freud comme des gens d'autrefois dont je n'ai pas entendu le timbre de voix, ni observé le sourire, ni entendu le rire. Ils étaient et je n'étais pas là.  Dans cette façon habituelle de penser à Socrate, Galilée ou Freud, je ne suis pas avec eux. Mais si je décide de les visiter, ils me deviennent proches. Je peux ressentir ce qu'ils ressentent. Nous sommes dans la même aventure, celle de vivre une vie.

Socrate poserait cette question: est-ce préférable de traiter les gens du passé en les laissant dans leur passé, avec cette distance qui en font des étrangers, ou bien est-ce mieux d'être avec eux, sans distance, à les regarder et entendre, à sentir ce qu'ils ressentent? Suis-je hier ou suis-je aujourd'hui?


1 commentaire:

Michel à Isabelle a dit…

Cela ne revient-il pas à...
To Be Or Not to Be...?
et s'ensuit la vieille chicane entre les deux verbes...je pense donc je suis...je suis donc je pense...ou bien je panse donc j'essuie...ou bien j'en pince donc je puis...etc
P.S. ça vaut quand même la peine d'y poncer!
P.S.2 quand on dessine, on laisse aller...