lundi 10 octobre 2011

Congé d'Action de grâce

L'auteur: Aujourd'hui, au Québec, c'était fête légale. Les bureaux de poste, les bureaux des fonctionnaires, les écoles, les banques: fermés.  L'Action de grâce: une fête religieuse, sans qu'on le réalise. Comme au temps de la Grèce classique, quatre siècles avant Jésus-Christ:  il y avait des fêtes avec obligation d'y participer, sous peine de passer pour impie. L'impiété avait des conséquences graves: Socrate a été accusé d'impiété, et son procès s'est terminé par une condamnation à mort.

Ici, j'ai bien peur que ce congé nous arrive sans le souvenir d'une action de grâce. De quoi ai-je peur: de la perte du sentiment religieux, celui qui faisait remercier, avec les mots religieux qu'on n'utilise que pour cet usage religieux, rendre grâce?  Ou bien la peur de cette perte de mémoire collective, l'oubli de la fin de la guerre? Chose certaine, pour ma part, je n'y ai pas pensé un seul instant, avant d'écrire ces lignes. Ma peur n'était pas très forte, à ce que je vois.

Aujourd'hui j'ai continué la lecture attentive du volume "Why Socrates died".  Plus j'avance dans ce bouquin, plus je me compte chanceux de le lire.  J'ai cette impression que je vais un peu savoir ce qui se passe, quand Socrate va mourir.

Depuis quelques jours, il me revient cette histoire:  c'était dans les années nazies. Un capitaine de bateau transportait des réfugiés juifs, qui avaient quitté l'Allemagne ou la Pologne. Ils étaient entassés dans la cale du navire. Le capitaine devait accoster en Palestine pour faire descendre tout ce monde. Mais il n'y avait plus moyen d'accoster sans se faire canonner dessus. Le capitaine était un ignorant: il ne savait pas l'histoire des juifs, ce qu'ils fuyaient. Mais voilà qu'on lui a remis une Bible, et il n'arrête plus sa lecture. Aussi longtemps que son bateau est en arrêt dans les eaux internationales, il est protégé. Va-t-il retourner en Pologne ou en Allemagne pour y décharger sa cargaison humaine? Il lit la Bible, il est en immersion.  Finalement il entre dans l'histoire: il sait que son bateau va être coulé, mais au moins tout ce monde qu'il transporte va certainement être rescapé. Il s'approche donc de la Terre Promise, et fait le sacrifice de son bateau.


1 commentaire:

Michel à Isabelle a dit…

Voilà toute notre destinée...on entre par une porte...on sort par l'autre!