jeudi 27 octobre 2011

Le beau, selon Socrate

L'homme est... un animal prétentieux. Notre opinion, sur le rang que nous occupons dans la création, s'apparente à du snobisme: nous sommes "de la haute".  Cette façon de nous surestimer nous vient de loin. Les philosophies et religions anciennes mettaient l'humanité "à part": nous avions une âme immortelle, qui habitait momentanément un corps assez méprisable, tant qu'il ne serait pas "transfiguré".

Dans le dialogue nommé "Hippias majeur", Platon fait discuter Socrate avec un connaisseur. Ils cherchent à définir la beauté, le beau. Évidemment seuls les hommes peuvent se targuer de pouvoir en parler, de cette beauté. On le sait, les pauvres chiens se contentent de manger, de dormir, de copuler, incapables d'analyses subtiles sur les critères qui permettent de juger qu'une oeuvre est belle.

Krishnamurti dirait: parler de la beauté n'est pas s'approcher de la beauté. Il pourrait même, sans trop exagérer, aller jusqu'à dire que ça éloigne de la beauté. Le silence et la beauté vont ensemble. Il faut faire silence pour entendre la beauté d'une musique.

Les animaux s'occupent beaucoup de choses belles. Il se pourrait qu'ils s'en occupent plus que nous, qui en discutons. Pour les Grecs qui ont forgé notre pensée, la beauté (kalôn) n'excluait pas l'adresse, la capacité de réussir un ouvrage. Les humains, nous n'avons pas l'exclusivité dans cette production d'oeuvres admirables, étonnantes.

C'est trop facile de dire: les animaux n'y sont pour rien, quand ils construisent de façon géniale, quand ils inventent leurs stratégies de survie. Comme s'ils étaient des robots perfectionnés, manipulés par des instincts qui ne sont pas eux-mêmes. Cette façon que nous avons de les voir, elle est aussi injuste que si nous disions que Mozart n'est pas l'auteur de sa musique, qu'il est habité par un don qui n'est pas lui-même.

L'étonnant, c'est que l'univers soit tout en beauté. Même les humains y sont sensibles, sans doute un peu moins que les animaux non-humains.


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