jeudi 4 août 2011

le Dr Freud en réflexion

Mes amis et moi, nous avions à peine trois semaines devant nous pour sauver Socrate de lui-même.  Il y avait très peu de chances de réussir. Sur le plan de l'argumentation, Socrate n'avait pas d'égal, il nous mettait tous en boîte, avec un plaisir évident. Pour lui, avoir raison était une drogue dont il était accroc comme ceux qui gagent aux combats de coq. Nous étions désespérés.

L'idée loufoque m'était venue de demander l'aide du Dr Freud. C'était impossible, plus de 20 siècles séparaient Socrate et Freud. Mais justement Freud s'attaquait à ce qui avait toujours semblé impossible. Et puis, j'avais beau fouiller dans les siècles précédents, je ne trouvais personne capable de venir à bout de Socrate: il s'amuserait encore et encore à avoir raison de choisir la cigüe, envers et contre tous.
J'ai donc tenté ma chance, j'ai frappé à la porte du Dr Freud. Quand il a entendu qu'il s'agissait du célèbre Socrate, il m'a reçu, intrigué.

J'ai donc expliqué au docteur l'urgence d'agir. Notre groupe, les inconditionnels de Socrate, on se butait à un mur. Socrate avait dans les yeux le pétillant du fanatique qui ne doute de rien et qui se moque de nos efforts. Le Dr Freud, lui qui le premier avait révélé au monde que tout se passe dans l'inconscient, pourrait-il ouvrir les yeux du grand Socrate?

J'ai ajouté que chaque soir, notre groupe se retrouvait pour commenter les derniers échanges avec le prisonnier Socrate. Nous étions frustrés, déprimés au possible.  Nous avions beau aimer Socrate depuis des années, il nous enrageait, tout en nous attristant. J'ai même avoué qu'on souhaitait que ça finisse au plus vite, et que c'était un jeu cruel.

Le célèbre docteur a pris des notes, comme à l'accoutumée. Il s'est gratté la tête, il a tourmenté sa barbiche, il a essuyé ses lunettes avec un mouchoir brodé à ses initiales. Le silence pesait. On peut dire que le temps s'était suspendu: on n'entendait plus les secondes s'égrener dans la grosse horloge du bureau. Finalement le  Dr Freud m'a annoncé qu'il allait y penser sérieusement: "Revenez demain, je vous dirai où j'en suis". Il m'a tendu mon chapeau et m'a ouvert la porte.

Sur le chemin du retour, je me suis dit qu'il n'y avait rien de gagné, mais au moins j'aurais tenté l'impossible.

4 commentaires:

Louis a dit…

J'adore tes dessins. Voudrais-tu illustrer mes histoires de bistrots Lyonnais. (oui, je sais tu vas être obligé de lire quelques nouvelles !!!))
Mieux vaut lire les saisons 1 ou 2 pour avoir une meilleur idée du climat.
Je compte sur toi. Et si tu veux, pour la saison 4 j'envoie mes héros au Quebec

huberlulu a dit…

J'adorerais participer. J'ai lu plusieurs des exploits terribles de Roger: il ignore Bruges et la dentelle. J'aurai l'impression, en dessinant, d'avoir cette fougue amoureuse. Et bienvenue! Apportez du beaujolais!

Louis a dit…

Chiche ! Lance-toi. Tes dessins sont trop beaux. Et n'espère pas gagner d'argent, je fais ça pour porter dans le monde, la gloire de l'andouillette !!!

huberlulu a dit…

Même pas un pichet de vin? Comment je vais m'inspirer, sans alcool?