mardi 16 août 2011

13. la charge du sanglier

Depuis Homère, et certainement bien avant lui, nous, les Grecs, nous écoutons les messages de nos rêves. C'est durant notre sommeil que les dieux nous visitent, pour nous instruire de notre destin.  J'ai bien pensé à cette visite d'un dieu, quand je me suis réveillé au petit matin, après une nuit agitée. Il faut dire que le vent mugissait. On entendait des tuiles, arrachées aux toits, qui allaient se fracasser dans les ruelles.  Je me suis réveillé tout en sueur, assez paniqué.

Dans mon rêve, nous étions à plusieurs à chasser le sanglier.  Il s'agissait de battre le tambour, de souffler dans les trompettes, de mener tout un boucan, tout en avançant dans la forêt.  Je m'étais retrouvé isolé dans un taillis encombré de branchages, difficile à traverser, quand soudain un monstre de sanglier m'avait affronté. Ses yeux lançaient des éclairs de fureur. Il s'était élancé dans un énorme tapage de branches brisées.  J'étais perdu... et me suis réveillé.

Tout de suite me sont revenues les paroles de Socrate, dans sa cellule, quand il avait repris conscience, la nuit où on l'avait assommé:  ... le cochon...le cochon...  Très certainement Socrate avait reconnu son agresseur, il pourrait l'identifier.

Ce type aurait pu facilement égorger Socrate, mais ne l'avait pas fait. Pourquoi l'avait-il seulement assommé?  Pourquoi avait-il eu besoin de l'assommer?  Il m'apparaissait maintenant que cet homme-sanglier  tenait mordicus à ce que Socrate ne boive pas la cigüe.

La journée m'a paru bien longue:  j'avais hâte au soir, pour retrouver mes amis.  J'allais apprendre si l'avocat Lysias allait s'engager avec nous, pour porter une plainte officielle et demander qu'on démarre une enquête pour tentative d'assassinat.  Est-ce que les démarches pour former un comité de défense, auprès des amis de Socrate, avaient réussi à recruter une première clientèle?

Toutes sortes d'hypothèses contradictoires se culbutaient dans ma tête, comme autant d'intrigues policières. J'étais tout absorbé dans mes questionnements, quand j'ai réalisé que j'étais arrivé à destination.  Mes amis aussi débouchaient de la rue, les uns après les autres.







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