dimanche 14 août 2011

11- Borée

Durant la nuit, un fort vent du nord s'était levé.  Aucun navire n'allait se risquer à naviguer par un temps pareil.  Cette tempête nous donnait un répit.

Cette journée-là, je n'ai pas bougé. On aurait dit que j'avais attrapé la catatonie de Socrate.  Avant de décider d'aller à gauche ou à droite, j''attendais de voir plus clair dans ces événements.  Si seulement la belle Aspasie avait été encore de ce monde, je serais allé la trouver.

Évidemment les amis sont venus aux nouvelles:  ils voulaient savoir si les rumeurs étaient fondées, qui rapportaient des combats autour de la cellule de Socrate, la nuit précédente.  Je leur ai raconté les événements.  J'ai appris que la prison était fermée aux visiteurs cette journée-là.

Dans ma rencontre avec Démocédès, je n'avais pas pu terminer la discussion sur le procès de Socrate.  Les accusations d'impiété et celle d'influence perverse sur la jeunesse, elles m'apparaissaient comme des paravents.  Elles dissimulaient de vraies motivations.  J'arrivais à cette conclusion: le procès de Socrate était un règlement de compte de la part des démocrates de la cité.

Athènes venait tout juste de sortir d'une guerre civile, entre partisans de la démocratie et ceux de l'aristocratie... Après la victoire de Sparte sur notre ville, le général Lysandre avait installé la tyrannie des Trente pour remplacer le gouvernement de la démocratie. Tout le monde savait que le chef des Trente, Critias, était un ancien du groupe de Socrate.  De proches parents de Platon étaient aussi dans ce groupe de tyrans, responsable de l'exécution sommaire de plus de 1,500 citoyens. Socrate avait beau vouloir être au-dessus de la mêlée, les démocrates l'identifiaient à l'ennemi, à Sparte.

Nous vivions la pire époque de notre histoire, celle de la dégringolade.  Dans ce climat de grande tension, les Athéniens se déchiraient entre eux à pleines dents. Les meilleurs d'entre nous s'exilaient, partaient s'enrôler dans les armées de mercenaires en partance pour l'Asie. Les 20,000 esclaves des mines d'argent venaient de déserter, il ne serait pas aisé de les rattraper.

Le vent soufflait toujours à pleine force, en soirée, quand j'ai quitté la maison.  Je me suis rendu à la taverne où je savais retrouver mes amis. Une idée faisait son chemin dans ma tête.




2 commentaires:

Michel à Isabelle a dit…

Huberlulu, prends garde de trop t'approcher de la belle Aspasie...Périclès ne s'éloigne guère d'elle et Damoclès affûte ses armes à proximité!
Le monde antique est rempli de dangers et l'espérance de vie y semble relativement réduite...

Michel à Isabelle a dit…

Plus je regarde ton dessin de la belle, plus je comprend tes sentiments envers elle.
En tête à tête, elle doit être superbe! Fais donc comme tu veux, on te pardonne d'avance ce caprice d'écrivain...à condition bien sûr d'en partager les détails avec tes lecteurs dans le prochain épisode!