vendredi 18 novembre 2011

Macho

J'ai vécu dans cet autrefois où les femmes étaient recluses ailleurs, dans un ghetto à elles. C'était une normalité, les générations précédentes avaient sans doute vécu aussi cette séparation.  Durant cette vingtaine d'années d'études, pas une fille n'a été présente dans ces classes, ou même dans ces immeubles:   uniquement  un monde d'hommes.

Les métiers des hommes n'étaient pas les métiers des femmes. Les pompiers, les policiers, les soldats, les prêtres, les avocats, les hôteliers, les barbiers, les livreurs de pain, de lait, de glace.  En fait les femmes avaient quelques métiers seulement, et très précis: infirmières, institutrices pour les tout-petits, secrétaires-dactylos. Ma mère Gabrielle était ménagère: elle tenait ménage.

Ce monde extérieur a changé, mes filles vivent une tout autre  expérience. Mon monde intérieur a-t-il changé? J'en doute beaucoup.

Ainsi, j'ai lu toutes ces pages sur Socrate, sur Xénophon, sur tout ce monde des Grecs d'autrefois, sans jamais remarquer l'absence des filles, des femmes. Absentes des dialogues de Platon (du moins, pour ce que j'en connais). Absentes de ce monde des scientifiques ou philosophes. Absentes de ces assemblées où s'affrontent démocrates et aristocrates.  Absentes de ces guerres incessantes, mangeuses de vies.

Je suis celui qui a été façonné par cet autrefois. Pas de blâme.


Aucun commentaire: