mardi 1 novembre 2011

À contre-courant

Ma mère Gabrielle "restait à la maison" et c'était ennuyant pour elle. La radio était donc "ouverte" toute la journée: les émissions se succédaient. Puis la télévision a supplanté la radio: du moins pour la soirée. Ça enrageait mon père Charles: il voulait du silence pour lire son journal. Ma mère protestait si Charles se levait pour fermer la tv:  "ça va être ben trop ennuyant!"

Cet après-midi j'ai pensé à mon père, quand je suis allé demander qu'on ferme la grosse tv. C'était dans la salle d'attente du garage Subaru, nous étions quatre clients à ce moment-là. (D'autres se sont ajoutés ensuite: il y a foule, quand arrive le temps de la pose des pneus d'hiver). Chacun s'occupait à lire. J'avais dans les oreilles ce flot de paroles incessantes qui coulaient à gros robinet. J'ai d'abord demandé à mes voisins de la salle d'attente s'ils étaient d'accord qu'on ferme cette tv que personne ne regardait: ils étaient tous d'accord. Alors je suis allé voir le vendeur d'autos, dans son petit bureau vitré.

Il n'était pas trop content de ma demande, cet employé de Subaru. Je lui ai dit qu'on étaient quatre clients et qu'on souhaitait lire en paix. Il a fermé la tv et s'est enfui. On s'est retrouvé sans la pollution sonore.

Je ne sais pas si j'aurai l'audace de demander qu'on ferme l'énorme tv très sonore à la pharmacie. On y est comme au cinéma. Ou bien ces tv qui sont indispensables dans les salles d'attente des hôpitaux. Personne ne m'a demandé de partir en croisade.

Le problème c'est qu'on n'en fait rien, de toutes ces informations. On baigne dedans et c'est malsain. C'est l'équivalent de la fumée de cigarettes qui remplissait tous les espaces publics dans cet autrefois très récent. Ça me préoccupe:  qu'est-ce que je fais, de ce que je lis?


1 commentaire:

Michel à Isabelle a dit…

...que c'est donc vrai, ce "subissement"qui caractérise si bien le peuple Québecois...on"laisse faire" la plupart du temps, on endure dans son coin, en autant que le voisin en souffre lui aussi...
- comme disait Félix:"Attends-moé ti gars, tu vas tomber si 'chu pas là, le plaisir de l'un, c'est d'voir l'aut' se casser l'cou ou ou..."