mardi 22 novembre 2011

Laconisme 4. Grand parleur, p'tit faiseur

Les deux plateaux de la balance doivent s'équilibrer, d'un côté la parole, de l'autre, l'action. Il est plus difficile d'agir que de parler. "On juge un homme à ses actes, non à ses paroles".

Je devais être encore au primaire quand j'ai vu le film "Le père tranquille". (1946, réalisé par René Clément. Comédien: Noël Noël). Ça se passe dans un village de France pendant l'occupation allemande. Les maquisards organisent des opérations de sabotage. Mais qui est la tête du réseau de résistants?  Ce vieux qui n'a l'air de rien, on ne le soupçonnerait jamais. Je me souviens de son laconisme:  il accompagne un type qui trahit les résistants en les vendant à la Gestapo. Le vieux l'accompagne pour l'éliminer. Il lui offre une cigarette, que l'autre ne prend pas. Le vieux insiste:  "la dernière".

C'était il y a plusieurs années: un député de l'assemblée nationale devait prendre la parole à Place-Royale. Il remplaçait la ministre de la culture, empêchée d'être là vu qu'elle était ailleurs. Je connaissais ce politicien: il aimait parler. Cette fois-là, j'ai été gêné pour lui:  il n'avait rien préparé, se fiant à son talent d'improvisateur. Il avait brodé et brodé, manquant plusieurs bonnes occasions de terminer. Comme disait mon père Charles d'un autre politicien:  "Il n'a rien dit, et l'a très bien dit".

La parole atteint son maximum de force quand on l'utilise au minimum. Ce devait être l'art des Spartiates.


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