jeudi 17 novembre 2011

Homère et fils

À 12 ans, je suis "rentré pensionnaire" au petit séminaire, avec ma grosse valise, celle qui avait voyagé autour de monde avec tante Margot. Il y avait plein d'affiches collées sur cette valise, elle était comme un passeport estampillé à toutes les pages.

Chacun de nous avait un "directeur de conscience".  C'était une sorte de tuteur. On pouvait demander un rendez-vous à ce tuteur, et un billet nous disait l'heure où on était attendu. C'est toute une initiation dans la vie d'un enfant. Le prêtre qui m'avait été assigné comme directeur était un vieil abbé, du nom de Bourassa. Je l'ai vu très peu de fois. Peut-être que c'était sa dernière année d'enseignement. En pensant à lui pour ce blog, j'ai réalisé comme j'ai eu peu de curiosité: je ne sais rien de lui.

Pourtant je me souviendrai toujours d'un événement marquant: c'est lui qui m'a prêté le premier livre que j'ai lu. Les autres livres que j'avais lus auparavant, ce n'était pas de vrais livres, comparé à celui-là. J'ai eu l'impression, tout au long des pages de l'Iliade, d'entrer dans un monde incroyable,  fascinant, qui ne me prenait pas pour un enfant. l'Iliade d'Homère: je l'ai lu, la bouche ouverte.

Il va me falloir relire l'Iliade.  L'Odyssée, c'est autre chose. Ce n'est pas Homère qui a écrit l'Odyssée, du moins pas le même Homère, ça se voit tout de suite. L'Iliade... Des guerriers.  Chacun avait un nom écrit en feu ardent. Ajax, Achille, Agamemnon, Hector, Priam.  Cette lecture était plus saisissante qu'un film:  c'est l'effet magique des mots, sur notre imagination.


3 commentaires:

Michel à Isabelle a dit…

...C'est bon comme du bonbon...puissant comme du vrai sang...touchant comme du vrai chant...Huberlulu tu as un vrai don, celui d'épingler l'instant!

isabelle àa Michel a dit…

Ah! On pourrait argumenter longtemps sur les mérites comparés de l'Illiade et de l'Odyssée! Moi, j'ai rencontré l'Odyssée d'abord et je préfère ce livre d'errance et de magie, plus ancré dans l'imaginaire... L'Illiade c'est la guerre,plus vraie que vraie.
Lire Homère C'est toujours un éblouissement, c'est s'ouvrir à un monde. Pour moi aussi ce fut un moment primordial, fondateur.

huberlulu a dit…

Iliade et Odyssée. tu as raison Isabelle: l'Iliade c'est la guerre. Le vrai drame grec. Époustouflant. Enfant, on joue au pirate, au cowboy. La découverte, c'était cette bravoure d'hommes. J'ai lu l'Odyssée beaucoup plus tard, comme un livre d'aventures fantastiques, mais sans le drame. Au fond, en observateur, en lecteur. Pour l'Iliade, j'avais la bouche ouverte, je manquais de souffle je suppose. Une sorte d'initiation. Imagine, avoir la force de ces guerriers... quand on a 12 ans et qu'on les regarde...