mercredi 28 mai 2014

Sketchbook page 11


Trois phrases dans cette page double du carnet.  
... Des milliers de gens dans un stade, c'est une foule ?
... Le pouvoir du vide.
... Il n'était pas une foule.

C'est la page de droite qui m'attire en premier, par sa charge d'émotion.  Tiananmen... un homme debout, qui tient tête à un monstre de fer, le char d'assaut. 

La foule, c'est vous et moi:  nous avons vu et revu cette image, ce film. À grande distance du monstre de fer. 

L'arme de cet homme seul devant le char de fer ? Il est désarmé. Il pose une question, dans le silence de son immobilité... Il dit au chauffeur du char d'assaut:  Tu as le choix de m'écraser comme un pou. Es-tu la sorte d'homme qui fait cette sorte de choix?

Le pouvoir du vide.  S'il y avait une barricade, le char écraserait la barricade. Le chauffeur du tank ne se pose pas de question devant une barricade à aplatir. Mais devant un homme désarmé, qui se tient debout devant la masse de fer, le chauffeur doit d'abord répondre à une question dont il n'a pas de réponse immédiate. Le chauffeur du tank n'est pas venu pour écraser un homme seul qui se tient debout devant cette montagne de fer. 

Le stade. J'ai pensé au tauréador qui affronte en duel le boeuf. 
Ou bien, dans ce colisée, les gladiateurs qui jouent leur vie, sur l'émotion des spectateurs romains. Un homme debout, la foule assise. 

Toute vérité a son contraire. Où est la force?  Celle d'une foule, ou celle d'un homme debout? Ghandi répondait à cette question. 

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