vendredi 6 mai 2011

On regarde ailleurs pour un miracle

Il pleuvassait, comme hier soir,
et je m'attendais à voir surgir
tous les escadrons en pointe de
flèche, le déferlement des oies
blanches. Le ciel promenait ses
nuages, mais vides du
jappement des oies.

Enfin, deux misérables équipes
se sont pointées, pour sauver
l'honneur. Il y a des soirs
comme ça, aux rendez-vous
décevants. Et moi qui voulais
connaître le ravissement, une
fois de plus. Vraiment rien à
voir ce soir, sauf les nuages
gris qui se bousculent.

Erreur!  Arrivent cinq ou six
régiments, des centaines d'oies
qui filent à très vive allure,
mais dans le silence...

Une minute plus tard, elles ont
disparu. Charlot et moi, on a
pressé le pas pour rentrer à la
maison.

J'ai pensé au merveilleux d'une première rencontre. ¨Dessine-moi un mouton¨.
Antoine de St-Exupéry se demande s'il a la berlu, avec ce soleil qui lui tape sur la tête.
L'apparition du lendemain fait plaisir, mais sans bouleverser autant que la veille.
Les jours suivants, commence l'apprivoisement qui demande de la patience.
Le miracle glisse vers la normalité, le déjà connu.

Les bourgeons gonflent le bout de chaque branche, c'est bon signe, le printemps s'installe.
Quand je vois le bon signe, c'est que j'ai reconnu le bourgeon, mais sans le voir, sans le
regarder avec l'intensité d'une première fois. Je manque le miracle.

Vous reconnaissez ce filon de pensée: c'est du Krishnamurti tout craché.  J'ai relu trois fois
son petit volume:  La flamme de l'attention.  Une longue rééducation!

1 commentaire:

Louis a dit…

Ici on lit les canards...Et on est les pigeons !!! (inspiration Audiard ou Maurice Biraud, Ah, je n'ai pas ta culture)