mardi 17 mai 2011

Ma tante Margot

Il n'y a que deux personnes au monde pour
se souvenir de l'existence de tante Margot:
ma soeur et moi. Je ne sais pas si ma soeur
évoque parfois Margot, la soeur de Charles.
Pour ma part, je l'oublie complètement.

Très tôt dans sa vie, Margot s'était exilée:
elle vivait en Virginie, elle y travaillait
comme technicienne de laboratoire dans
un hôpital. Sans doute qu'elle n'aurait pas
trouvé d'emploi au Québec: les hôpitaux
de l'époque étaient contrôlés par les
communautés religieuses, et Margot avait
divorcé de son mari français, chauffeur de
taxi à New-York. Le divorce la mettait en
situation d'illégalité, dans notre société
fondamentaliste.

Ce blog m'amène là où je ne vais jamais:
il me rappelle l'existence de ceux qui
ont existé, les morts. Tante Margot est
décédée il y a une bonne quarantaine
d'années... Si elles tournent les pages de
vieux albums de famille, mes filles ne
sauront pas retrouver Margot, parmi tous
les inconnus de ces photos anciennes.

Quelle place donnez vous à vos morts? Sans qu'on y prête attention, je crois qu'ils occupent une bien grande place.  Quand j'éclate de rire, ma façon de rire est colorée par les rires des gens qui ont été proches de moi  Leur humour a façonné le mien. Mes bêtises ressemblent un peu à leurs bêtises,  mes peurs s'apparentent à leurs peurs.

À travers mes émotions, mes colères, ma manière de toucher et d'être touché par vous, Margot continue à inventer une manière de vivre ce cadeau de l'existence.

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