mardi 3 mai 2011

le salut au drapeau

C'était l'époque de l'âme.  Elle était
au garde-à-vous.  Avec tout le sérieux
et toute l'intensité d'une communion.
Mais sans aucune crainte. Sans le
fou-rire. Sans l'excès ou le fanatisme.
Le cynisme ou la moquerie étaient
des inconnus.

Chaque été il y avait le camp scout.
Quelles aventures! Les chefs, sans
être vraiment sadiques, s'ingéniaient
à multiplier les défis et les
compétitions. Ça portait le nom
d'épreuves. Il était question d'acier
trempé, de couteau qui garde son
coupant.

Nous étions quatre ou cinq
patrouilles, selon les années.
Inspections, épreuves de technique,
jeux, tout était prétexte de nous
valoir des points ou d'en perdre.
À la fin du jour, l'équipe gagnante
se méritait d'être à l'honneur le
lendemain.  Et l'honneur, c'était le privilège de hisser le drapeau au bout du grand mât.  Tous immobiles comme des athlètes prêts à prendre le départ d'un marathon.

Je pense bien rarement à ce passé fabuleux, aussi riche qu'un Moyen-Age, avec son code de chevalerie, de courtoisie, de gratuité. Le monde extérieur n'existait pas, aucune distraction ne nous rejoignait, il n'y avait pas de téléphones ou de lettres ou rien qui nous rattache à des absents. Aucun public non plus. Sous  le soleil ou la pluie, et le soir, sous les étoiles. Mermoz, St-Exupéry, comme une tribu intérieure.

1 commentaire:

Louis a dit…

Gaffe à la nostalgie.