samedi 28 mai 2011

le chapelet en famille

J'ai la naîveté de croire que je n'ai plus
de naîveté.  Car cette croyance que j'ai
de ne plus être naïf, c'est encore une
croyance, et toutes les croyances sont
naïvetés d'enfant.

J'avalais tout, absolument tout. On me
faisait avaler cuillérée après cuillérée:
c'était du sirop pour le rhume, ou bien
un tonique amer. Plus il était amer,
plus il allait me guérir. Le meilleur pour
la santé, et le pire à avaler, c'était cette
cuillérée d'huile de ricin, ou bien l'huile
de castor. Plus tard, l'huile de foie de
morue, une cuillérée aussi. On se pinçait
le nez et on avalait.

Tout ce qui m'était enseigné, je le croyais.
C'était ainsi à l'école primaire, et ainsi
au collège.  Il n'y avait pas d'espace pour
contredire ou pour demander des preuves.
Apprendre, cela signifiait mémoriser.
On apprenait par coeur les questions et
les réponses. Il s'agissait de bien réciter
nos leçons.

Tout cela marque profondément une culture.  Nous étions un peuple en procession de la Fête-Dieu.  Même Charles, qui n'y croyait pas, se mettait à genoux pour réciter le chapelet en famille, quand ma mère Gabrielle nous faisait agenouiller. Dans ces moments, il était l'enfant d'autrefois, le petit Charles.
Une famille qui prie est une famille unie, affirmait notre cardinal Léger. Nous étions cette naïveté. Pas de blâme.

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