mardi 14 juin 2011

le renégat

C'est maintenant un vieux bouquin, édité
en 1975. L'époque hippie. Je le relis avec
délectation. Changements, paradoxes et
psychothérapie.  Sans doute est-ce le mot
paradoxe qui m'a poussé à l'ouvrir de
nouveau. Imaginez: il cite Lao Tseu et
Héraclite. Une perle, je vous le dis.

Je viens de comprendre (il était temps)
que l'Eglise catholique ne peut pas
changer.  La raison n'est pas un manque
d'honnêteté ou un manque d'intelligence
de la part des dirigeants de l'Eglise.
Malheureusement des personnes
admirables continuent à penser que c'est
une question de temps, de maturation,
de nouvelles générations d'évêques,
et que la chenille va muer en papillon.
Il faut leur dire que l'Eglise de Dieu
n'est pas une chenille.

Un système ne peut pas engendrer de
l'intérieur les conditions de son propre
changement. Il ne peut pas produire les
règles qui permettraient de changer les
règles.  (fin de la citation)

L'Eglise est un paradoxe:  elle est un outil de changement des personnes par la conversion, le retournement d'âme. Elle redonne la paix intérieure. Mais elle-même ne peut pas se convertir, car elle s'est peinturée dans le coin, en se déclarant infaillible, divinement dans la vérité. Elle n'a pas de processus pour décanoniser un saint, pour dédogmatiser un dogme. Les saintes écritures sont la parole de Dieu, les conciles font dans le définitif.

La pensée scientifique procède par hypothèses, pour aboutir à des lois naturelles, toujours amovibles et contestables. Einstein a pu remettre en question les grandes lois de Newton, et quelqu'un d'autre pourra remettre en question les lois de la relativité d'Einstein. L'Eglise est étrangère à la pensée scientifique. L'Eglise n'avait pas le choix: il fallait qu'elle condamne Bruno au bûcher et Galilée à la prison à vie, à moins de renoncer à occuper l'espace scientifique.  Au 17ième siècle, l'Eglise occupait tous les espaces.

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