jeudi 23 juin 2011

À la sueur de ton front

La sueur est un bienfait: elle nous
permet de diminuer la chaleur du
corps, elle vient contrer la fièvre.
Depuis des millions d'années, les
primates ont cette chance de suer:
les chimpanzés et les gorilles
transpirent d'une façon semblable
à celle des humains.

La culture judéo-chrétienne nous a
transmis que le travail est un malheur,
un châtiment: Tu gagneras ton pain à la
sueur de ton front.  Selon cet étrange 
héritage culturel, le travail est une
punition divine qui afflige tous les
descendants du père Adam.  Comme il
a goûté au fruit de l'arbre
de la connaissance du bien et du mal,
nous sommes condamnés aux travaux
forcés.

Peut-être que cette histoire nous vient de très loin:  elle serait celle des humains devant l'invention de l'agriculture. Quitter la chasse et la cueillette pour s'atteler à une charrue, cela devait ressembler à une perte de liberté, une sorte d'asservissement, comme celle du boeuf qui aide au labour. Il y a une dizaine de milliers d'années, un changement aussi grand dans la façon de vivre a dû provoquer beaucoup de résistance.

Quelle étrange invention mentale: Yahvé punissant les hommes en les obligeant à suer dans le travail, pour avoir du pain sur la table. La preuve que les humains étaient punis:  les dieux, eux,  n'avaient pas à travailler. Ils festoyaient, allongés autour d'une table bien garnie. Ainsi nous avons absorbé religieusement, dévotement, que le travail est une déchéance, un goulag. Il a suffit d'une histoire, celle d'un paradis perdu à la suite d'une désobéissance.

Le groupe humain aurait pu choisir une histoire différente, sans la culpabilité, sans le châtiment de la sueur pour gagner son pain. Nous sommes encore habités par cette histoire. Pour en sortir, il faudra en écrire une autre. Il était une fois...

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