mercredi 15 juin 2011

Broyer du noir

Le noir et le blanc expriment bien des
émotions.  On regarde le noir et le blanc
à travers nos préjugés culturels, à travers
nos peurs et nos croyances.

Au Québec de mon enfance, le blanc
signifiait la pureté, l'âme en état de grâce.
Les petits cercueils des enfants étaient
peints en blanc. Les anges des
processions portaient des robes
blanches tout comme les jeunes
mariées.

Parfois le blanc se risquait à exprimer
l'absence:  un blanc de mémoire.  Une
nuit blanche, sans sommeil. Le drapeau
blanc de la reddition. Une page blanche,
sans écriture.

On portait le noir pour exprimer le deuil.
On mangeait son pain noir si on était trop
pauvre pour s'acheter du pain blanc de
boulangerie. La vraie misère noire. La nuit
de l'ignorance, l'absence de lumière.
C'était l'espace des forces de l'ombre,
le territoire du diable maléfique.

Le noir aussi s'aventurait à exprimer son contraire:  la liberté des anarchistes se disait dans leur drapeau noir. L'oeuvre au noir, paradoxe des alchimistes.

La nature est riche du noir et du blanc. Nous vivons ici ensevelis sous la neige pendant la moitié de l'année...
Au centre des galaxies, les trous noirs aspirent et siphonent inexorablement les étoiles qui gravitent autour d'eux: même la lumière s'y engouffre sans retour.

Le noir contient toutes les couleurs. Question de goût:  je le préfère au blanc.

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