jeudi 26 avril 2012

Intermède. Suite 6. Feux les calumets...

Il y a plusieurs façons d'aborder "le tabac", d'en parler. Ce qui m'intéresse d'abord (dans le tabac), c'est notre vie imprégnée par ce tabac. Les souvenirs que nous en avons, et qui nous habitent encore. Beaucoup de nos parents et grand-parents fumaient la pipe, la cigarette, le cigare. Parler du tabac nous ramène à eux. Tout le passé est sépia, couleur de tabac...

Une deuxième façon, c'est d'en faire une vraie étude: l'histoire du tabac, de son industrie. J'ai mis un pied dans cette étude ce soir, en lisant les premières lignes dans Wikipédia... il y était question de la déforestation en Afrique du nord: 12% de ce ravage (140,000 hectares par année) sert de combustible pour faire sécher le tabac.

Mais je préfère en rester, pour tout de suite, au human interest, aux souvenirs que nous en avons, à la vraie vie, à notre sang chargé de nicotine. J'ai reçu un commentaire de mon amie Isabelle, qui raconte un souvenir de tabac...C'était à Arthabaska. Avec sa permission, je vous communique ces images qu'elle partage:

"moi, le tabac du pays, ça me rappelle la cordonnerie où on allait porter nos souliers à réparer. Le vieux cordonnier avait un banc près de la porte et ses amis venaient jaser et fumer en le regardant travailler.

"Pour l'enfant que j'étais, c'était un peu épeurant, tous ces messieurs qui se taisaient quand j'arrivais...  Ça sentait fort: le tabac du pays, le cuir, le harnais, les vieux souliers, la vieille pipe, les vieux messieurs. C'était impressionnant comme odeur.

"Et puis la boutique était sombre et pleine de choses, machines, brosses, étagères... On devinait des secrets dans les coins sombres".

Merçi Isabelle!  Voilà qu'on est partis à rêver. C'est mieux que de savoir la quantité d'hectares de déforestation en Afrique du Nord. Pourquoi c'est mieux? Qui dira pourquoi c'est mieux?

Une connaissance est morte quand on en fait rien. Elle sédimente sur le tas de connaissances accumulées, elle vire en fossile. Il y a tellement d'accumulations mortes, dans toutes ces informations versées sur nos écrans. Elles sont mortes si on en fait rien, si on ne les mâche pas, si on ne les digère pas, si on ne les transforme pas en nourriture vivante, en énergie qui bouge. En racontant ce souvenir, Isabelle alimente notre capacité à observer, à sentir les odeurs, à deviner tout le mystère des choses. Elle nous ramène à ces lenteurs d'autrefois.  (à suivre:  pleins d'expressions qui nous viennent du tabac...)





Aucun commentaire: