mercredi 25 avril 2012

Intermède. Suite 5. Feux les calumets...

Je sens que ça va venir: je devrai bientôt consulter Wikipédia pour m'instruire sérieusement sur le tabac. Pour le moment je tourne autour, dans une enquête qui suit le hasard des rencontres du jour. Je n'ai jamais approfondi la question du tabac: c'est ce blog qui m'y entraîne.

Ce matin, au coin de la rue St-Vallier, j'ai croisé Michel qui avait l'air très pressé. "Comment ça va, Michel?" "Mal", qu'il me répond. Depuis quatre jours, il avait un vrai mal de tête: il s'est frotté la tête en le disant. Ce mal de tête? Parce qu'il avait arrêté de fumer!

Je ne lui ai pas dit "tu as bien fait" et autres commentaires habituels. J'ai fait mon enquête, pour vous. "Pourquoi tu arrêtes de fumer?"  C'est l'argent que ça coûte. Il a calculé qu'il dépense plus de 225 $ par mois. (C'est pas loin de la moitié du coût d'un loyer). Il achète des paquets à $7.50   (Du mauvais tabac, m'a commenté Albert. C'est confirmé par Suzanne: les marques connues se vendent à $10 le paquet. On arrive alors à la moitié du coût du loyer). Faut pas s'étonner si certains choisissent de vivre sur la rue, ainsi ils peuvent fumer.

"Tu es au courant qu'on ne produira plus de tabac au Québec cette année?"  Michel ne connaissait pas la nouvelle. Il m'a parlé de la production en Ontario... Dans les années 70, il y était allé travailler, comme employé saisonnier. Ils étaient cinq travailleurs sur cette ferme de tabac, à cueillir les feuilles mûres, en commençant par celles du bas de la tige. "Le premier soir, j'étais tellement fatigué, je suis allé dormir sans prendre le temps de souper". "Un travail d'esclave", commente Albert, qui a vu ces travailleurs dans les champs de tabac d'Ontario: à suivre rapidement un petit tracteur entre les rangs de plants, arrachant les feuilles mûres pour les empiler sous leur bras, pour ensuite en faire des paquets attachés avec une feuille de tabac... "Le midi, ils étaient tout gommés par la nicotine. Affreux. Je suis allé travailler ailleurs, dans les vergers" dit Albert.

Et l'enquête continue. J'ai appris le nom donné par les Indiens à leur tabac: le petun (ou petoun). Les vieilles indiennes fumaient la pipe, devant le wigwam.

Il y avait de gros fumeurs... Mon ami Florent fumait "comme un engin" (Les engins, c'étaient les locomotives à vapeur, chauffées au charbon: un beau nuage noir les suivaient). Florent ne terminait pas une cigarette sans en rallumer une autre, avec la braise de celle qu'il terminait. Il fumait beaucoup, vraiment beaucoup.

Une amie, Louise, fumait "pour respirer à fond". Elle insistait sur cette information paradoxale... Sans cigarette, elle respirait en superficie seulement. Pour bien remplir ses poumons d'air, il lui fallait  fumer une cigarette. Elle goûtait alors le plaisir de respirer. Ce qui équivaut au plaisir de vivre...  (à suivre)



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