samedi 30 avril 2011

rire jaune, rire tricolore

Mon père Charles adorait rire. Pourtant
il trouvait peu d'occasions pour pratiquer
cette adoration: le sérieux et le tragique
étaient au menu quotidien. Il disait qu'il
était plus difficile d'écrire une bonne
comédie qu'une tragédie.  Et pourtant,
Molière était jaloux de Corneille et
Racine, triste de savoir faire rire.

On guette les premiers rires d'un enfant.
On provoque ces rires en le chatouillant.
On lui embrasse le ventre, on menace de
le dévorer, il rie de sa peur, il en
redemande.

Je me demande s'il y a de ce beau rire
quelque part, dans les pages de la Bible.
Il se peut que notre culture religieuse
aie été contaminée par le virus du
tragique, dès Abraham,  Seul le diable
avait le privilège d'un rire qui devenait
diabolique. Trois mille ans de sériosité.

Rire à en pleurer, à en avoir mal:
les muscles de la figure ne sont pas habitués à cette explosion d'hilarité.
Il y a beaucoup de libération dans le rire. Une sorte de victoire acquise.

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