Pas de blâme. Mon père Charles
ne voulait rien savoir de ma vie.
Simplement, il ne cherchait pas
à savoir comment je vivais, ce que
je pensais: sa curiosité était ailleurs.
Je crois qu'il avait décidé de ne pas
juger, de rester à l'écart, comme
pour respecter ma vie privée.
Ou bien, c'était une façon d'être
lui-même à l'abris, avec ses secrets.
C'était une époque malsaine. Toutes
les familles n'ont pas été contaminées
avec la même intensité, mais c'était
l'époque: le contrôle des consciences.
Ma mère interceptait les lettres, les
vérifiait. Elle contrôlait le bien et le
mal, pensant que c'était son devoir.
Ainsi, elle a confisqué les livres de
son mari, pour les apporter au
presbytère: elle avait jugé que
ces livres pouvaient être dangereux.
Nous avons donc réussi à nous protéger, mais au prix d'une fermeture, d'un isolement. Pas de blâme. Mais il faut réinventer une autre manière de vivre, il faut réinventer une ouverture sans jugement. À contre courant.
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