mercredi 30 mars 2011

s'il n'y avait pas la nuit

J'avais 19 ou 20 ans. C'était une job d'été,
de courte durée (la job, et l'été aussi): un
deux semaines sur le brise-glace Radisson,
vers Ellesmere Island, à 400 milles du pôle.
Le grand Nord:  le soleil ne se couche pas.
Il descend, devient rouge, refuse de plonger,
puis remonte l'horizon.  Il n'y avait pas
d'heure, pour les familles eskimaudes: les
enfants jouaient au cowboy à toute heure
de la nuit (il faisait plein jour).

Le travail occupait la journée: il fallait
décharger des barils de pétrole à même
les barges qui s'approchaient de la grève.
La nuit (qui était aussi le jour) on regagnait
la cale du brise-glace, pour dormir à la
lumière des ampoules électriques...

A la fin du contrat, un avion-cargo nous
avait rapatriés. Il y avait eu une escale
à Churchill et c'était féérique:  la nuit!
Nos yeux goûtaient le velours de la nuit.

Aucun commentaire: