vendredi 4 mars 2011

cimetière à feux-follets

il y a du plaisir dans la peur:  les enfants jouent
à avoir peur, à faire peur, à en avoir la surprise.
Il y a du plaisir à sortir de la peur, à se rendre
compte qu'on rêvait seulement, que c'était un
cauchemar, pas plus.  Ou bien, de voir qu'on a
passé à côté du drame, que ce n'était pas notre
tour, qu'on a été frôlé seulement, frissons inclus.

Alexandre, mon grand-père maternel, était
entrepreneur de pompes funèbres. C'est tout un
programme dans la vie (la sienne) et dans la
mort (celle des autres).  La petite Gabrielle,
ma mère, quand elle avait l'âge de jouer à la
cachette avec ses amies, elle se faufilait parmi
les cercueils entassés, empilés, stockés dans le
grand hangar à deux étages, derrière la maison.
Elle avait une longueur d'avance sur les autres:
elle n'avait pas peur des cercueils, c'était des
meubles quotidiens.

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