vendredi 6 juin 2014

Trous noirs. 49


(Horatio, en train de creuser une fosse au cimetière, voit Ferdinand s'approcher...)

Ferdinand:  " Bonjour Horatio!  Je te dérange ?"

Horatio:  " Ça c'est de la grande visite... Le Grand-Maître en personne!  Non, Ferdinand, tu me déranges pas, je vais prendre une pause." (Il grimpe en dehors du trou). " Le soleil tape fort, tu as pas ton chapeau, on va aller s'asseoir à l'ombre, il y a un banc à trois pas d'ici..."  (Ils vont s'asseoir, sous un saule pleureur).

Ferdinand:  " Tu sais que j'ai passé au feu ?"

Horatio:  " Tout le monde a été réveillé par la sirène des pompiers... Je passe près de chez-toi, j'ai vu que ton atelier est en cendres..."

Ferdinand:  " C'est pas de mon local que je veux parler, Horatio.  C'est moi, Ferdinand, qui a passé au feu..."

Horatio:  " Personne m'a dit que tu avais eu des brûlures... C'est arrivé quand ?"

Ferdinand:  " L'incendie m'a calciné à l'intérieur, Horatio. La première étape de l'alchimie, la calcination, tu te souviens ? Tu n'as pas idée de la chance que j'ai eu !"

Horatio:  " Tu as perdu tous tes livres, tes outils, ta bâtisse, et tu appelles-ça de la chance ?"

Ferdinand:  " Y'a un bon côté, une sorte de transformation... Je me reconnais plus, Horatio."

Horatio:  " C'est vrai que t'as l'air différent... Les gens disaient que tu étais en grande dépression, Ferdinand... Comme paralysé, presque muet..." 

Ferdinand:  " Je regardais les débris tout calcinés, je réfléchissais comme jamais avant... Sais-tu à quoi je pense tout le temps ?"

Horatio:  " Tu penses à rebâtir en plus moderne, c'est ça ?"

Ferdinand:  " Non, Horatio."

Horatio:  " Alors dis-moi le, à quoi tu penses, Ferdinand..."

Ferdinand:  " Aux trous noirs". 



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