lundi 23 juin 2014

Sketchbook page 16


Ces deux lignes d'écriture, il ne faut pas seulement les traduire d'une langue à l'autre.  Il y a beaucoup à en extraire, comme si on presse un citron. C'est possible que je n'y arrive pas. C'est probable que je fasse quelques pas seulement, sur ce sentier qui mène loin. Mais je me dis qu'il faut faire ces quelques premiers pas.

La première phrase semble une idiotie... Comment dire sérieusement que la science ne résoud pas les problèmes?  Elle ne fait que cela:  elle cherche à comprendre ce qui est encore une énigme... 

Mais il est question de mystères. Explorer un continent inconnu n'est pas explorer un mystère. Décoder une écriture qui semble indéchiffrable  (comme l'était celle des hiéroglyphes égyptiens, ou celles écrites en cunéiformes), ce n'est pas solutionner le mystère. 

Notre cerveau baisse les bras devant le mystère de l'infini du temps ou de l'espace. Il n'y a pas d'outils pour peser ou mesurer ou visionner l'infini. L'horizon recule toujours, à mesure qu'on avance, il n'y a pas de clôture, de frontière, de limite. 

Dans cette page du Sketchbook, la deuxième phrase est importante, pour ce qu'elle ne dit pas. "Un mystère n'a pas besoin d'être solutionné"... Alors, qu'est-ce qu'on fait, avec le mystérieux?  

La religion que j'ai connue dans mon enfance, elle solutionnait le mystère.  Il n'y avait plus d'angoisse, il y avait des réponses simples, et belles comme des histoires dont on ne change pas les mots. Il y avait le mot  "Dieu", puis la narration du peuple choisi, l'Ancien et le Nouveau Testament. À l'école de cette enfance, on apprenait le calcul, l'écriture, l'histoire et la géographie, et on apprenait à croire, à travers une obéissance, la connaissance du bien et du mal, la promesse du ciel après la mort. 

C'est mystérieux, toute cette beauté qui existe. Cet océan d'invention dans tout ce qui existe... Infiniment petit et infiniment grand: ce sont des mots dangereux, car ils nous égarent, ils nous trompent. Écrire "infini" ne signifie pas connaître l'infini. Écrire ou réciter "mystère" ne signifie pas l'approcher. 

Aller au bout de la connaissance scientifique, au bout de la confiance en notre intelligence, car l'univers est une merveille d'intelligence. Et ne pas renoncer au mystère de la beauté, au mystère de l'existence.  Le silence dit ce que les mots ne peuvent contenir, ne peuvent dire sans nous tromper.  Le paradoxe du non-savoir.

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