mercredi 11 juin 2014

Sketchbook page 14


J'ai l'impression de radoter. Et c'est plus qu'une impression:  c'est un fait, je radote. Allons-y quand même pour un commentaire sur ce radotage... "L'existence n'a pas de commencement".  

Dans la Bible, c'est dit autrement:  Au commencement c'était (déjà là). Au commencement ça existait. Autrement dit:  Le présent ("ça existe") avait un passé ("ça existait"). C'est une fausseté, car l'existence n'a pas de passé. 

Cela est vu à travers des lunettes qui déforment. C'est vu à travers notre minuscule expérience, toute teinté par hier-aujourd'hui-demain. L'existence n'a pas d'hier ni de demain, ce n'est pas une chaîne de moments pour former un collier. 

Cette page-double du sketchbook illustre ce paradoxe.  
La page de gauche semble vide. On ne peut rien écrire de vrai sur l'existence. Le mieux, c'est une page vide d'illustration ou de mots.  La page de droite est celle de notre expérience:  les transformations des existants, des êtres. Notre naissance et notre mort. 

Pourtant, la page de gauche, celle qui est privée de mots et de dessin, elle est nécessaire, indispensable. Une source vive. Un silence qui contient toutes les musiques. Une présence qui contient tous les désirs. 

Ce n'est pas nous qui pouvons écrire ou dessiner la page de gauche. Elle est. La page de droite est un dessin d'enfant: il s'applique à tracer des lignes avec ses crayons de couleur, pour dire ensuite: "regarde mon dessin!"  C'est très mystérieux, que la page de gauche tienne à des milliards de milliards de pages de droite. 

La source du cadeau d'existence. 


1 commentaire:

Michel a dit…

Cerveau gauche/cerveau droit:
page de gauche /page de droite...extrême gauche/extrême droite...on semble à jamais déchiré... entre nos pulsions contraires, on cherche l'équilibre précaire...la perfection de notre imperfection cache la rectitude de notre "crochitude"!
De mon côté, j'arrive presque à faire une musique parfaitement imparfaite...