" Caïn connut sa femme, qui conçut et enfanta Hénok. Il devint un constructeur de ville". (Genèse, Bible de Jérusalem)
Tandis que la tortue et ses amis se faisaient du mauvais sang, Dieu jouait sur la plage: il y faisait des châteaux de sable. Quand on est Dieu, on n'est pas de la brume, on ne s'évapore pas comme ça. On peut profiter d'être ailleurs sans que ce soit un drame. C'était donc pour lui une journée normale, c'est-à-dire extraordinaire.
Son château construit, Dieu s'était assis à quelque distance et soufflait consciencieusement des bulles de savon, à l'aide d'une paille.
Une série de coups de pieds nivelèrent le château de sable: un jeune venait de trouver où passer son énergie. Dieu se demanda pourquoi ce plaisir de détruire était une exclusivité humaine, un plaisir qu'il ne connaissait pas. Il continua donc à souffler des bulles de savon, qui s'en allèrent voltiger sous le nez du jeune délinquant. C'étaient des bulles iridescentes, nonchalantes, innocentes comme sont les appâts.
Le jeune mordit à l'hameçon: il creva une bulle, elle était de trop dans son univers.
Les bulles de savon, quand c'est Dieu qui les souffle, ne se laissent pas dégonfler aussi facilement... Comme il fallait s'y attendre, cette bulle divine, aussitôt crevée, se reforma en deux nouvelles bulles bien brillantes, qui retournèrent narguer le jeune, juste sous son nez.
Bientôt c'est un essaim de bulles qui lui tournaient autour de la tête: chaque bulle crevée en formait deux nouvelles, et le jeune enragé en crevait tant qu'il pouvait...Son jeu tournait au cauchemar. À la fin, exténué, aveuglé et pris de peur, le jeune s'accroupit en se protégeant la tête.
" Ça va?" lui demanda Dieu, d'une voix un peu moqueuse.
- " Pourquoi elles repoussent, quand je les crève?" demanda le jeune.
- " Parce que ta faim est grande d'en pulvériser beaucoup", dit Dieu.
- " Et comment on fait pour que ça s'arrête? " demanda le jeune.
- " Facile!" dit Dieu, en lui tendant une paille: " Tu n'as qu'à en faire, au lieu de les crever. Vas-y, c'est à ton tour, souffles-en une belle! "
Les miracles sont coutumiers à Dieu... Cet après-midi là, sur la plage de sable roux, ils étaient deux à agrandir le château de sable, à lui ajouter des tours, des pavillons... L'architecte en chef, c'était le jeune. Dieu fournissait la main d'oeuvre...
1 commentaire:
..sublime revirement...Huberlulu a toujours une carte dans sa manche...et c'est tant mieux!
Enregistrer un commentaire