jeudi 22 mars 2012

Genèse 42. Septième ciel

" Israël partit et planta sa tente au delà de Migdal-Edèr.  Pendant qu'Israël habitait dans cette région, Ruben alla coucher avec Bilha, la concubine de son père, et Israël l'apprit." ( Genèse, Bible de Jérusalem)
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Ce matin-là, son épouse Déborah avait noué son baluchon:  " Je vais chez ma cousine",  qu'elle avait dit, en nouant le noeud du baluchon.  "On a décidé de faire une corvée ensemble, on va tisser des couvertures de laine. Je trouve qu'on manque de couvertures ici. Je reviens demain! Tu peux te débrouiller pour le souper?"

" Pas de problème", avait répondu Caïn, " je me débrouille souvent."  Il s'était dirigé vers l'étable pour soigner les bêtes. Tout en s'occupant à ses besognes, il avait un sentiment bizarre: celui de ne pas voir l'évidence.

En après-midi, à l'heure où le soleil tape tellement fort qu'on suspend les travaux, Caïn s'était rendu à l'auberge, au bord de la grand-route. Il savait qu'il allait y retrouver son cousin par alliance, à la table du fond, comme à l'habituel. Caïn se commanda une cruche de bière et s'attabla.

" Alors, cousin, vous vous occupez à quoi, ces jours-ci?  Vous tissez des couvertures de laine? Vous salez des petits cornichons?"

- " Les couvertures, c'était le mois passé qu'on les a tissés", répondit le cousin, " mais tu vises dans le mille pour les petits cornichons: la récolte est abondante, on fait de bonnes provisions! Et toi, tu fais quoi?"

- " J'ai un marécage à drainer, pour agrandir le pacage des boeufs de labour.  Ça n'arrête jamais, les travaux d'une ferme!"
... Ils échangeaient sur un ton lent, tout en buvant leur cruchon de bière. L'air de rien, Caïn avait appris du cousin ce qu'il voulait savoir.

En silence, il réfléchissait. C'était cousu de fil blanc, les mensonges de Déborah. Qu'est-ce qu'elle fabriquait, chaque fois qu'elle quittait la maison, sur un nouveau prétexte? C'était un amoureux, qu'elle allait retrouver? Il y avait eu ces empreintes de sandales, à l'arrière de la maison:  qui donc venait fureter chez-lui?   Sa bière terminée, Caïn partit pour le marécage, précédé par Tobi, son grand lévrier.

Le marais en question était une glaise grise, bonne à fabriquer des briques. " Encore un projet", pensa Caïn. Il vit son chien partir sur une piste, le nez au ras du sol...

Voilà que Tobi revenait, avec sa proie entre les mâchoires.  "Tobi, donne!"  dit Caïn.  Le chien ouvrit la gueule et laissa tomber sa trouvaille.  Caïn se pencha et examina la sandale en roseau:  il la reconnaissait bien.


1 commentaire:

Michel à Isabelle a dit…

...je crois qu'avant la nuit, on va danser le Tango de la Jalousie...