samedi 24 mars 2012

Intermède : la première écriture

Je vous suggère ce livre de Jean Bottéro:  La Mésopotamie.  Dans ce petit volume, Bottéro nous dit ce qu'était l'écriture cunéiforme, celle des Sumériens puis celle des Akkadiens et Assyriens. Ces trois mille ans qui ont précédé notre ère. La grande époque de Babylone, de Ninive...

Ils avaient inventé l'écriture, nos ancêtres très lointains. Nous avons retrouvé leurs bibliothèques: nous possédons plus d'un demi-million de documents écrits en cunéiforme. Nous avons trouvé le code de cette écriture, nous la lisons.

Nous utilisons un tout petit nombre de signes comparé aux signes de leur écriture. Notre alphabet, d'origine Phénicienne, est phonétique: chaque signe correspond à un son. Notre alphabet peut écrire la plupart des sons de toutes les langues parlées.

Au début, ils ont fait des dessins, des pictogrammes. Les Sumériens dressaient des listes de biens, des inventaires: les moutons, les pains, les esclaves. Les dessins se sont ensuite shématisés, ils sont devenus quelques lignes, et se sont enrichis de possibilités. Un pied ne signifiait plus seulement un pied, mais aussi voyager, ou se tenir debout... tout dépendait de l'histoire tout autour du mot, le contexte.

Il y avait donc plusieurs centaines de signes, dans leur écriture, et chaque signe pouvait avoir plusieurs interprétations.

Nos mots sont comme des index qui pointent vers des choses ou des émotions. Nos mots écrits ne sont que des paroles regardées plutôt qu'entendues. Leurs mots étaient des outils d'observation, comme des loupes posées sur les choses, comme des microscopes ou des lunettes astronomiques, pour étudier tout l'univers. On pouvait ouvrir un mot, comme on ouvre un fruit, et découvrir tout ce qu'il y avait dedans. Le mot était la réalité.

Et puis, toute cette réalité de tout ce qui les entourait, de tout ce qu'ils vivaient, c'était l'écriture des dieux. Car tout ce qui arrivait venait d'une décision des dieux. Alors, si on observait bien, on apprenait l'intention des dieux, on connaissait le destin.


1 commentaire:

Isabelle et Michel a dit…

Wow! C'est un intermède de haut niveau! autant pour le texte que pour le dessin! Félicitations!(Isa)
Avec des intermèdes pareils, Déborah peut traîner ses savates, on l'attendra le temps qu'il faudra, nous ne sommes pas à une sandale près...(Mich)